Après de longs mois de crispation, le chef de la Diplomatie belge va se rendre au Rwanda
Afrique

La Libre Afrique, 12 septembre 2025

Afrique centrale : Maxime Prévot annonce qu’il se rendra à Kigali au mois de novembre prochain

Une visite après de longs mois de tensions et de croques en jambes des deux pays.

Depuis le 17 mars dernier, le Rwanda et la Belgique ont coupé toutes leurs relations diplomatiques. Une décision prise par Kigali quelques heures après l’annonce de sanctions par l’Union européenne à son encontre suite à l’implication de Kigali dans le conflit congolais. Pour les autorités rwandaises, il ne fait aucun doute que le gouvernement belge est le principal moteur de ces sanctions européennes.

En représailles, Bruxelles déclare persona non grata tous les diplomates rwandais et annonce suspendre l’enveloppe de l’aide au développement que Kigali refusait déjà.

Dans ce contexte, l’annonce de la venue du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères belges à la conférence ministérielle de l’Organisation internationale de la francophonie, fin novembre à Kigali, est déjà à marquer d’une pierre blanche après ce long cycle de relations conflictuelles entre les deux pays qui s’étale sur plusieurs années.

Trois ans de crispation

Un des premiers temps forts de ces tensions a été le refus en juillet 2023 de l’agrément du nouvel ambassadeur du Rwanda à Bruxelles, Vincent Karega, désigné quatre mois plus tôt par le président rwandais, Paul Kagame.

Le diplomate avait été expulsé quelque temps auparavant de Kinshasa, suite à la crise diplomatico-militaire entre les deux voisins. Mais, pour la diplomatie belge, c’était surtout le passage de Vincent Karega à l’ambassade du Rwanda en Afrique du Sud en 2013-2014 qui posait problème. Les diplomates rwandais en poste dans ce pays avaient été pointés du doigt par les enquêteurs sud-africains pour leur rôle dans l’assassinat de Patrick Karegeya, un des principaux opposants du régime de Paul Kagame.

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR) avait demandé à Kigali de désigner un autre diplomate que M. Karega pour ce poste, et avait essuyé un refus courroucé du président rwandais qui s’était notamment exprimé à travers une interview accordée au magazine Jeune Afrique.

Quelques mois plus tard, en juillet 2024, notre pays annonçait à son tour sa décision de ne pas nommer d’ambassadeur au Rwanda suite au silence des autorités de Kigali à la demande d’accréditation de son diplomate.

L’avancée du M23

La chute de la ville de Goma, en janvier 2025, entre les mains de la rébellion de l’AFC/M23, qui serait soutenue par le Rwanda, a encore crispé les tensions entre Bruxelles et Kigali. Cette dernière accusait la Belgique d’avoir adopté une politique de soutien sans réserve au président congolais Félix Tshisekedi.

Dès le mois de février, Kigali annonçait la suspension des programmes belges d’aide au développement. La Belgique était également accusée de contrarier l’accès du Rwanda à des financements internationaux, tandis que Kigali était parvenu à bloquer la désignation du diplomate Bernard Quintin, devenu depuis ministre de l’Intérieur (MR), comme envoyé spécial de l’UE dans la région des Grands Lacs.

Hubert Leclercq