@rib News, 15/09/2010 – Source MISNA

(Interview réalisée par Véronique Viriglio)

À l'issue du long marathon électoral qui s'est tenu de mai à septembre au Burundi, les femmes "sont vraiment satisfaites par les résultats historiques remportées par les candidates" ainsi que par "l'affluence des électrices aux urnes", déclare à la MISNA Anatolie Ndayishiniye, présidente du Collectif des associations et ong féminines du Burundi (Cafob), tirant le bilan des récentes élections.

Militante et mère de cinq enfants, Anatolie récite fièrement les résultats éloquents de la plus importante présence féminine jamais atteinte par les institutions burundaises, allant de 23% au sein de l'administration municipale à 46% au sénat et 32% à l'assemblée nationale et neuf ministères sur les 21 qui composent le nouveau gouvernement annoncé par le président réélu Pierre Nkurunziza.

Ainsi, la direction de ministères-clés comme ceux de l'Agriculture, des Finances, du Commerce, de la Santé et de l'Égalité des Chances, essentiels pour le progrès de la condition féminine ou le développement socioéconomique, a été conférée à des femmes.

"Nous soutiendrons les nouvelles élus en espérant qu'elles puissent exercer correctement leur mandat, renforcer leurs capacités et répondre aux attentes des Burundaises", poursuit Anatolie, consciente que "la route est encore longue et les obstacles ne manquent pas".

Parmi les premières batailles à présenter au parlement, la présidente du Cafob indique une loi pour reconnaître aux femmes le droit d'hériter et leur garantir une plus grande autonomie et sécurité économique au sein de la famille et de la société.

La militante appelle également les nouvelles élues à mettre fin à l'impunité dont bénéficient les auteurs de violences sur les femmes, en leur appliquant des peines exemplaires et dissuasives en ce que "nous avons le droit de vivre en sûreté, de nous sentir protégées".

Enfin, Anatolie souhaite que la victoire des femmes en politique puisse "servir d'exemple aux jeunes et aux familles pour inciter les filles à poursuivre leurs études supérieures et universitaires", par le biais notamment de "programmes d'alphabétisation spéciaux pour les femmes".

Au Burundi – où 90% de la population est employée dans l'agriculture – l'alphabétisation a enregistré de considérables progrès, passant de 35% en 2000 à 59% en 2009 ; pourtant, les femmes représentent encore les deux-tiers de la population analphabète dans le pays.

Les élections de 2010 ont été les secondes considérées démocratiques dans l'histoire du pays, après celles de 2005, alors que le Burundi, ancienne colonie belge, sortait à peine, en 2002, d'une guerre civile commencée en 1993. [CO]