Burundi : Nouvelle découverte de corps sans vie au bord du Tanganyika
Sécurité

@rib News, 06/10/2010

La découverte de cadavres dans les eaux des grandes rivières et du Lac Tanganyika est devenue ces derniers jours monnaie courante au Burundi.  Deux cadavres d’hommes ont été découverts ce mardi dans la jonction du lac Tanganyika et la rivière Rusizi non loin de la ville de Bujumbura, la capitale burundaise.

Karabgega, le père de l’un des personnes retrouvées mortes flottant sur le lac Tanganyika, souligne que son fils Hakizimana Sylvestre était parti à Cibitoke au Nord-Ouest du pays en compagnie de deux autres personnes de son village situé à une dizaine de Kilomètres au Nord de Bujumbura. « Ils allaient chaque année à la recherche de semences à Cibitoke, c’était leur habitude », nous a informé le père de la victime.

Ces personnes qui étaient essentiellement de petits commerçants du petit centre de négoce de leur village ont été arrêtées par des militaires d’une position de Buganda en province Cibitoke, nous a précisé l’une des personnes arrêtées par ces militaires, mais qui a requis l’anonymat. S’exprimant avec difficultés suite aux coups et blessures qui lui ont été infligés par ses tortionnaires, ce jeune homme nous a fait savoir que c’est bien la police qui a assassiné ces cinq personnes dont deux viennent d’être enterrées indignement au bord du lac Tanganyika. « Nous étions ensemble quand nous avons été arrêté par les militaires puis battu au point de mourir », nous a-t-il déclaré.

Par la suite, continue-t-il, nous avons été livrés à la police et le commissaire de police en province de Cibitoke était présent. La police a par la suite commencé à nous battre et j’ai profité de la discussion entre les policiers pour m’échapper, nous a-t-il raconté.  

Selon Pierre Claver Mbonimpa, le président de l’Association de Défense des Droits des Prisonniers et de l’Homme  (APRODH), au total six personnes ont été arrêtées par la police et deux viennent d’être découvertes mortes dans les eaux du lac Tanganyika, trois jours seulement après leur arrestation.

« C’est une situation jugée inacceptable, les gens sont tués puis jetés dans la rivière, les droits de l’Homme sont menacés dans ce pays », a déclaré le président de l’APRODH. « Nous demandons que des enquêtes soient menées pour établir les responsabilités de ces actes de barbaries », a-t-il continué, affirmant que même d’autres cadavres seraient coincés quelques part dans les eaux de la rivière, car seule une personne aurait échappé à cette exécution  extrajudiciaire.

Des sources de Buganda confirment le relâchement par la police de trois personnes originaires de cette commune, et la disparition de trois autres originaires de Rukaramu à Bujumbura. Les corps de deux des disparus viennent d’être découverts près de Bujumbura alors que leurs familles croyaient que la police les avait gardés en prison.

Pour rappel, la découverte de cadavres flottant dans les eaux de rivières et du Lac Tanganyika est devenue fréquente ces derniers jours. Vingt autres cadavres avaient été découverts et enterrés au même endroit. Les services de renseignements (la police présidentielle) avaient été pointés du doigt par la société civile pour des arrestations illégales.

Ce n’est donc pas la première fois que certains corps de sécurité soient accusés par les familles des disparus d’avoir assassiné les leurs. Il y a quelques jours, un certain Jackson Ndikuriyo avait été arrêté par un responsable de la police à Bubanza puis retrouvé mort et enterré dans une propriété d’un particulier.

En 2006 déjà, une trentaine de corps humains avaient été découverts dans la rivière Ruvubu au Nord du Burundi, attachés els uns aux autres. Un haut gradé de l’armé avait été accusé mais, bénificiant de protection jusqu’au plus haut niveau du gouvernement, il réussira à prendre fuite, laissant certains de ces subalternes en prison dans le même dossier. [ND]