Burundi : Les prémices du chaos
Analyses

Le Pays, 7 octobre 2010

Le président Pierre NkurunzizaSi le Burundi était un bateau, on dirait que le capitaine qui est à son bord le conduit tout droit vers l’iceberg, et donc au naufrage. En tout cas, son président, Pierre Nkurunziza, l’homme qui avait juré, la main sur le coeur, d’apporter le ciel et la lune aux Burundais, a réuni les ingrédients nécessaires à un chaos.

Ce pays qui sort à peine d’une longue et pénible guerre civile ressemble aujourd’hui à une véritable souricière. Quiconque y vit, court le perpétuel risque de disparaître un jour comme par enchantement, surtout s’il ne partage pas la même vision politique que NKurunziza. "Qui n’est pas avec moi est contre moi et doit donc disparaître". C’est la règle que le numéro un burundais a instaurée comme principe de gouvernance politique.

Et comme pour montrer qu’il tient à cette règle d’or, l’homme fort de Bujumbura, depuis son élection à la tête du pays le 28 juin dernier, élection qu’il a d’ailleurs organisée après avoir traqué tous les opposants, multiplie les arrestations.

Ainsi, le 6 octobre dernier, un responsable de l’Union pour la paix et le développement (opposition) a été arrêté par les fameux services secrets de NKurunziza.

Des assassinats, on en enregistre également au Burundi presque tous les jours. Récemment, deux militants des FNL (Forces nationales de libération), ex-rébellion devenue parti politique, ont été sommairement abattus et leurs corps retrouvés dans l’embouchure d’une rivière.

Et comme il n’y a pas de vent contraire pour celui qui ne sait pas où il va, Nkurunziza semble à présent tourner dos aux Nations unies. En effet, le représentant du secrétaire général de l’ONU, Charles Petrie, qui avait remplacé le Tunisien Youssouf Mahmoud dont Nkurunziza avait exigé le départ en l’accusant d’être proche de l’opposition, vient de démissionner avant la fin de son mandat.

Mais pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui au Burundi, il faut d’abord chercher à connaître le parcours militaire et politique de l’homme qui est à la tête de l’Etat.

Qui est donc Pierre Nkurunziza ? Professeur de gymnastique de formation, l’occupant actuel du palais de Bujumbura intègre la rébellion des FDD (Forces de défense de la démocratie) où il s’habitue au maniement des armes jusqu’à la fin de la guerre civile burundaise en 2000.

C’est donc après le maquis que ce rebelle, devenu démocrate par la force des choses, fut propulsé à la tête de son pays. NKurunziza ne dément pas ceux qui disent qu’il a la nostalgie des armes.

La situation actuelle du Burundi interpelle à suffisance la communauté internationale, l’Union africaine en premier lieu. Pour éviter de se faire prendre pour des médecins après la mort, l’UA et l’ONU doivent agir, et vite.

Boulkindi COULDIATI