Tolérance zéro ou le pari suicidaire de Nkurunziza
Opinion

@rib News, 10/10/2010

Par Hoherande Esther

Le président burundais Pierre NkurunzizaPas facile de changer de cap, même si l’on est capitaine, quand le navire est infesté de mutins, prêts à en découdre au cas où vous dirigez le navire vers le port où les attend la justice. Pour Pierre Nkurunziza la situation est bien pire. Sans réelle conviction pour la bonne gouvernance, le chef de l’entreprise « CNDD-FDD » est néanmoins obligé de faire semblant, voire de sacrifier quelques uns des siens, pour renflouer les caisses.

Trop décrié pour sa gabegie, le pouvoir en place, qui a vidé les caisses pour se payer une campagne en méga show, méga beuverie, méga corruption, est obligé de faire une tournée de récolte de fonds. Déjà il se dit tout bas que les salaires sont payés par… un pays étranger ! Seulement voilà, qui sacrifier, qui ne pas sacrifier ? Comment éviter d’irriter les proches des hommes forts ou de mécontenter des gens qui non seulement pourraient parler mais aussi grossir les rangs des mécontents ?

Depuis que deux chefs d’entreprises ont été limogés pour  soupçon de corruption, celui de la SOSUMO et celui de l’OTRACO, les rumeurs les plus folles vont bon train : les répercussions auront-elles un effet boule de neige ou un effet boomerang ? Boule de neige : il se murmure que 54 autres dirigeants présumés corrompus pourraient être inquiétés à leur tour, notamment Adolphe Nshimirimana et le fameux général mal famé surnommé fort éloquemment Ndakugarika (comprenez : Je vais t’écrabouiller).

Nkurunziza serait-il en train de suivre le conseil d’un avocat célèbre (il croupit en prison pour cela !) qui lui conseillait de se séparer de certaines personnes trop salies ? Peut-être. Il se raconte en tout cas que quand Pierre le Président confie à Adolphe le général qu’il a mauvaise presse, ce dernier lui rétorquerait sans sourciller : « Je ne suis pas seul, vous aussi  vous avez mauvaise renommée Monsieur le Président ! » Match nul ? Quant au général Ndakugarika, il aurait refusé une mutation à l’extérieur : rien à brouter là-bas !

Dans ce branle-bas devant la menace d’une opération « Mains propres », le parti qui tète toutes les mamelles, aurait dépêché une délégation à Pierre pour l’avertir. Le parti, vraiment ? Non ! Le petit cercle, l’AKAZU des généraux : Adolphe, Evariste, Bunyoni et le ci-devant chef d’état-major général des FDN. Cet Akazu aurait dit à Pierre : « Si vous continuez à limoger les gens, vous partirez avec eux ! »

« Urukurukuru niyo nkuru »