Burundi : l’armée accusée de "parti pris politique"
Politique

@rib News, 12/10/2010

M. Richard Nimbesha, ancien sénateur issu du parti au pouvoir le CNDD-FDD, s’est montré hostile à une partie des corps de défense nationale, qu’il accuse d’être à la solde des partis de l’opposition.

Selon M. Nimbesha, des preuves sont à sa disposition, prouvant noir sur blanc que d’anciens militaires des ex-FAB (Forces armées burundaises, l’armée régulière d’avant les accords d’Arusha), travaillent pour l’Alliance des Démocrates pour le Changement (ADC-Ikibiri), une coalition de 11 partis politiques de l’opposition.

Au niveau des corps de défense nationale, c’est une grande déception d’apprendre qu’il existe encore une fois des gens qui militent pour la désunion des corps de défense nationale unifiées depuis 5 ans. « Nous sommes surpris d’apprendre qu’il y a encore de tels esprits en dehors des corps de défenses qui veulent que ceux-ci soient désunis », a déploré le porte-parole des Forces de Défense Nationale (FDN), le Colonel Gaspard Baratuza au cours d’une conférence de presse ce mardi à Bujumbura.

« C’est une honte pour une personne néanmoins respectée de militer à la destruction d’un corps qui a été obtenu après versement de sang des citoyens », s’est lamenté le porte-parole des FDN,

Selon Baratuza, M. Nimbesha vient de passer au moins 5 ans au Sénat burundais, une institution pourtant respectée à cause de  sa sagesse, mais regrette que l’ancien sénateur n’ait pas compris l’importance de l’unité d’un corps de sécurité.

Il regrette en plus que les FDN font face à des gens mal intentionnés de l’extérieur qui veulent l’entraîner dans des mauvaises aventures. Par voix de conséquence, souligne le porte-parole des FDN, mêmes les procédures de poursuites judiciaires sont envisageables à l’encontre de M. Nimbesha.

L’ancien sénateur de Bubanza qui a lancé ces accusations jugés inacceptables par les corps de sécurité participait ce lundi à une première réunion des nouveaux gouverneurs et administrateurs, en marge d’une prise et remise entre le gouverneur sortant et celui entrant, dans cette province de Bubanza.

Le porte-parole du parti présidentiel, Onésime Nduwimana se dit lui aussi sidéré par les propos de M. Nimbesha. « S’il est prouvé qu’il a prononcé ces paroles avec l’intention de diviser l’armée nationale, il sera chassé du parti CNDD-FDD », a déclaré M. Nduwimana. Peut être, continue-t-il, il a mal transmis une rumeur qu’il entendait dans les milieux de l’ouest du pays, d’où la nécessité d’une enquête impartiale pour connaître les vrais motifs de ses dérapages, a conclut M. duwimana.

Des sources proches du CNDD-FDD disent que le parti présidentiel est préoccupé par ces paroles qui viennent dans un moment critique de la politique du Burundi. Selon un membre du parti CNDD-FDD, il y a eu ignorance du rôle combien important des forces de défense ces derniers jours. S’exprimant sous couvert d’anonymat, il a fait savoir que M. Nimbesha est quelqu’un qui bavarde beaucoup jusqu’à dire à haute voix ce que les autres chuchotent.

Interrogé sur le comportement de certaines personnes présentes lors de la réunion à Bubanza, qui accueilli ces propos par des grands applaudissements comme si Nimbesha disait la vérité, il nous a fait savoir que seul le concerné aura à répondre à lui seul devant les corps compétents.

Pour rappel, les corps de défense et de sécurité du Burundi sont le fruit d’une fusion entre l’ancienne armée régulière, essentiellement de l’ethnie tutsie, et les groupes armés, essentiellement de l’ethnie hutue, qui la combattaient.

Suite à la signature des accords d’Arusha en 2000, il a été convenu que toutes les ethnies seront représentées à parts égales dans ces corps pour éviter les guerres liées au monopole de l’armée et des secteurs de sécurité. Après 2000, les procédures d’intégrations et de démobilisation ont commencé et le pays a observé une accalmie au niveau sécuritaire. [ND]