Burundi : la police dément les accusations d'exécutions sommaires
Sécurité

@rib News, 17/10/2010 – Source AFP

Major Pierre Chanel NtarabaganyiLe porte-parole de la police du Burundi a démenti dimanche les accusations d'exécutions sommaires de membres de l'opposition, assurant que toutes les personnes récemment tuées par la police l'avaient été au cours d'affrontements avec des « groupuscules armées ».

« Ce n'est pas la première fois que le président de l'Aprodeh lance des propos incendiaires qui sont archi-faux », a déclaré le porte-parole de la police, la major Pierre Chanel Ntarabaganyi, ajoutant que ces déclarations visaient à « salir les corps de défense et de sécurité ».

Samedi, le président de l'Association pour la protection des personnes détenues et des droits humains (Aprodeh), Pierre Claver Mbonimpa avait accusé la police du Burundi d'avoir tué, au cours d'exécutions extra-judiciaires, 22 membres de l'ex-rébellion des Forces nationales de libération (FNL), aujourd'hui dans l'opposition.

Dans la circonscription policière de l'Ouest, a expliqué l'officier de police, « il y a des groupuscules qui errent ici et là en pillant, en tuant ou en violant (...) et quand la police fait face à ces groupes, il y a échange de coups de feu et parfois nos policiers sont tués ou ces gens le sont ».

« Ce sont ces gens-là que M. Mbonimpa défend », a-t-il accusé.

La circonscription policière de l'Ouest, constituée de la capitale Bujumbura, et des provinces de Bujumbura rural (Ouest), de Bubanza et de Cibitoke (Nord-Ouest), est considérée comme la principale zone d'activité d'une rébellion naissante, que les autorités qualifient jusqu'ici de « groupes de bandits non identifiés ».

« Quand ces groupuscules envahissent par exemple un village, ils tuent systématiquement (...) La police doit user de la force pour les chasser et c'est normal qu'il y ait des morts », a insisté le porte-parole de la police.

Interrogés sur des cas précis de membres de l'opposition arrêtés puis retrouvés morts dans la rivière de Rusizi (Ouest) ou dans la province de Cibitoke, le porte-parole de la police a assuré que la police les avait relâchés avant.

Selon le président de l'Aprodeh, qui a évoqué « une guerre silencieuse », la répression de l'opposition passe également par de nombreuses arrestations au sein des partis d'opposition, en parlant d'« environ 120 détenus politiques poursuivis pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat" ».

« Toutes les personnes qui ont été arrêtées l'ont été pour des raisons d'enquête ou parce qu'elles ont été attrapées en flagrant délit. La police les arrête sans tenir compte de leurs partis politiques », a assuré le porte-parole de la police.

De nouvelles violences au Burundi ont fait plus d'une trentaine de tués ces dernières semaines et semblent confirmer les rumeurs sur la présence de nouvelles poches de rébellion dans le pays.

Plusieurs opposants sont rentrés dans la clandestinité ou ont fui le pays à la suite des dernières élections générales remportées par le régime du président Pierre Nkurunziza.