La CPI lance des assignations à comparaitre contre six Kenyans
Afrique

APA, 15-12-2010

Luis Moreno-OcampoDakar (Sénégal) - Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a lancé mercredi des assignations à comparaitre contre six Kenyans soupçonnés d’être impliqués dans des crimes de masse commis durant la période post-électorale de 2007-2008 dans leur pays, indique un communiqué de l’ONU parvenu à APA.

« La période postélectorale de 2007-2008 a été l’une des plus violentes dans l’histoire du pays », a indiqué Luis Moreno Ocampo ajoutant que « ce n’n’était pas seulement des crimes contre des Kenyans innocents.

C’était des crimes contre l’humanité dans son ensemble. En cassant le cycle d’impunité pour les crimes de masse, les victimes et leurs familles peuvent obtenir justice. Et les Kenyans peuvent s’engager sur le chemin vers des élections pacifiques en 2012 ».

On rappelle que le Procureur de la CPI s’était rendu au Kenya en mai dernier où il a enquêté sur les affrontements post-électoraux de 2007 et 2008, concluant que « les crimes auraient été commandités par les dirigeants du Parti de l’unité nationale (PNU), parti au pouvoir à cette époque, et par le Mouvement orange de la démocratie (ODM), principal parti d’opposition », poursuit le communiqué.

La même source indique que « les hommes politiques incriminés auraient mis en œuvre cette stratégie avec la complicité de responsables de l’Etat et d’entreprises publiques et privées. Des parlementaires, des responsables gouvernementaux, des agents des forces de police et des gangs de jeunes, seraient impliqués dans les violences, avait estimé Luis Moreno-Ocampo ».

Pour le Procureur de la CPI, « il existe un fondement raisonnable de penser que ces crimes contre l’humanité ont impliqué différentes personnalités ». Il s’agit notamment de :

William Samoei Ruto, l’ex-Ministre de l’éducation, de la science et des technologies, à l’époque député du Nord Eldoret. Il est présumé être « l’un des principaux architectes et organisateurs des crimes contre les militants du PNU ».

Henry Kiprono Kosgey, actuel ministre de l’Industrie, à l’époque député de la province de Tinderet et président de l’ODM, il est considéré comme l’un des principaux responsables des crimes perpétrés contre les militants du PNU.

Joshua Arap Sang, l’actuel chef des opérations de la radio KASS FM, journalistes à cette même station au moment des troubles, est appelé à comparaître en sa qualité d’organisateur présumé des violences contre les militants du PNU. Ces trois premières personnes ont été citées dans une première affaire.

Il a ensuite été lancé trois autres assignations à comparaître contre Francis Kirimi Muthaura qui était pendant les violences le chef du service public et Secrétaire de cabinet et Président du Comité du conseil de la sécurité nationale. Il est accusé d’avoir autorisé l’usage de la force contre les militants de l’ODM (opposition).

La CPI vise également le fils du premier président kenyan Jomo Kenyatta. Il s’agit d’Uhurur Muigai Kenyatta, l’actuel Vice-premier ministre et ministre des Finances. Il est accusé d’avoir aidé à mobiliser l’organisation criminelle ‘’Mungiki’’ pour s’en prendre aux militants de l’ODM.

Est également visé Mohamed Hussein Ali, actuel chef exécutif de l’entreprise postale du Kenya. Commissaire de police au moment des affrontements, il aurait autorisé l’utilisation excessive de la force contre des militants de l’ODM.

Les violences postélectorales au Kenya ont fait plus de 1.100 morts, 3.500 blessés et forcé 600.000 personnes à fuir. Par ailleurs, des centaines de viols avaient été commis et plus de 100.000 propriétés détruites.