France : Solidarité militante entre Amnesty International et la Ligue Iteka
Droits de l'Homme

@rib News, 23/12/2010 - Source Journal du pays basque

Amnesty International de Bayonne

Pie NtakarutimanaPie Ntakarutimana, président honoraire de la Ligue Iteka (Ligue burundaise des DH) le redit à chaque visite : «Bayonne, c'est ma ville d'adoption.» Lundi, au Trinquet moderne, il a dressé un tableau assez sombre de son pays en 2010, devant un public composé de journalistes et de militants des associations locales des droits humains : AI, LDH, CCFD, ACAT...

Regain de violence en 2010

Cette année-ci avaient lieu en effet toutes les élections, des communales en mai à la présidentielle le 28 juin. Après les élections dans les communes, tous les grands partis d'opposition ont dénoncé ce qui était selon eux «un scrutin truqué» et ont boycotté tous les scrutins suivants, jusque et y compris la présidentielle, tous remportés avec des scores écrasants par le CNDD-FDD, le parti du président Pierre Nkurunziza (ancien principal groupe armé durant les 13 années de conflit politico-ethnique). Des violences avaient déjà assombri la campagne électorale.

Depuis le début du 2e mandat du président, la situation se caractérise par «un regain de violence» selon l'expression de Pie, avec des exécutions extrajudiciaires, l'exil des chefs de l'opposition politique menacés dans leur vie, de nombreux opposants torturés (communiqué d'AI le 23 août 2010 : 12 cas documentés), probablement une nouvelle rébellion armée (d'après des sources diverses, dont RFI).

Rétrécissement des espaces de liberté...

Pie Ntakarutimana rappelle «qu'une société civile extrêmement dynamique et formée s'était construite tout au long du conflit politico-ethnique qui a duré 13 années». Or, elle subit depuis quelques mois des attaques, de même que les journalistes, très courageux et indépendants au Burundi. Pie constate un «rétrécissement des espaces de liberté» : harcèlement, menaces de mort sur les défenseurs, journalistes emprisonnés, assassinat d'Ernest Manirumva (mai 2009) vice-président de l'Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques) qui enquêtait sur des cas de corruption dans des cercles proches du pouvoir et a été assassiné chez lui à l'arme blanche, retrouvé parmi ses dossiers ouverts et tâchés de sang.

Un motif d'espoir demeure cependant, avec «la résistance des organisations de la société civile locale» et «le soutien des organisations internationales de défense des DH comme la mission de l'Observatoire des défenseurs (issu de la FIDH), la recherche et les actions d'Amnesty International, ou encore Frontline (qui défend les défenseurs des droits)».

La solidarité, une synergie dans les actions

C'est l'appui que Pie Ntakarutimana vient chercher à Bayonne depuis les débuts du partenariat avec AI en 2001. Avec les militants locaux d'AI, à chaque étape, il invente de nouvelles procédures, de nouveaux jumelages : clubs des droits humains en lycées, parrainage d'étudiants au Burundi, appariement de radios Pays Basque/Burundi...

Liberté pour Jean-Claude Kavumbagu : une action urgente d'AI

Le groupe AI local est intervenu également pour proposer une «action urgente» que le mouvement conduit sur le Burundi jusqu'au 17 janvier : un appel pour faire libérer un journaliste, Jean-Claude Kavumbagu, emprisonné depuis juillet 2010 à la sinistre prison de Mpimba, simplement pour avoir critiqué sur son site NET PRESS les forces armées burundaises et qui est considéré par AI comme un prisonnier d'opinion. Germaine Blezio a rappelé aussi les deux autres préoccupations d'AI sur le Burundi : le retour de la torture l'été dernier à l'égard des opposants (Un pas en arrière selon AI : CP 23 août 2010) et, surtout, la campagne contre l'impunité «Justice pour Ernest Manirumva ?». Pie y a insisté de son côté : «Pour nous, c'est un cas emblématique. Si l'impunité persiste sur ce cas, toute la société civile est vraiment menacée. Cet assassinat était un terrible avertissement pour nous tous. Nous comptons sur votre soutien».