Burundi : Le Gouverneur Jacques Mnani rate une occasion de se taire
Politique

@rib News, 17/02/2011

Le gouverneur de la province de Bujumbura Rural, M. Jacques Mnani, a qualifié de « fous » les gens qui tirent des coups de feu dans cette province.

« La sécurité est totale, d’ailleurs à 100% bonne, et ceux qui tirent ne sont que des fous » a-t-il déclaré ce mardi à des journalistes à la fin des cérémonies d’installation du nouvel administrateur de la commune de Kanyosha.

Cependant, la population de Kiyenzi ne comprend pas les propos de leur gouverneur. « Ils disent toujours que la sécurité est totale alors que nous passons les nuits dans les marais par craintes d’être tués la nuit » a réagit un citoyen sous couvert d’anonymat trouvé sur place.

Cette population a révélé que trois collines de Kiyenzi étaient encerclées ce mardi par des militaires lourdement armés à la recherche des « bandits », comme les officiels les appellent, pour ne pas reconnaitre qu’il s’agit d’une rébellion en gestation.

« Les dires de notre gouverneur ne nous rassure pas » a ajouté madame Kagoma Elisabeth, qui s’est demandé le type de société que serait le Burundi si les fous étaient armés.

« Si les fous sont armés qu’en est-il des paysans normaux » s’est-elle interrogée. « C’est-à-dire que nous n’avons pas de lois qui nous protègent jusqu’à ce que les fous arrivent à avoir des armes » a-t-elle ajouté.

« Ici chez nous les militaires tirent, la police tire et même les bandits tirent, est-ce que tous ces gens sont des fous ? » s’est interrogé un autre vieillard du nom de Hagema Gaspard trouvé à Ruyaga ce mardi.

« Je pense que notre gouverneur s’est trompé car les autorités d’en haut tiennent toujours le même langage alors que c’est nous le bas peuple qui payons la lourd tribu » a ajouté M. Hagema tout en demandant au gouvernement d’amorcer les négociations avec un quelconque groupe armé pour avoir la paix dans tous le pays.

Ce n’est pas la première fois que certaines autorités burundaises ratent une occasion de se taire.

Dans un passé récent, l’ancien gouverneur de la province de Muyinga, qui était jadis membre du parti au pouvoir, avait fustigé la découverte des corps sans vie flottant dans les eaux de la rivière Ruvubu. « Tous les cadavres sont les mêmes » avait-il déclaré. Fabien Ndayishimiye, avait aussi interdit l’enterrement digne d’un certain Jackson Ndikuriyo, ancien policier qui était reconverti en politique.

Rn ce temps, le ministre de la communication Kalenga Ramadhani avait défrayé la chronique en déclarant que le pouvoir pouvait donner le jet présidentiel Falcon 50 gratuitement puisqu’il était élu. Le pouvoir était accusé par l’opinion nationale et internationale d’avoir vendu illégalement cet avion. [ND]