Une éducation pour les enfants du Burundi
Société

Courrier Laval, 1 Mars 2011

Corinne ChatelÀ peine 20 $, c'est le prix d'une année de scolarité pour un enfant du Burundi. Pourtant, bien peu se retrouve finalement sur les bancs de l'école. C'est pour cette cause que Corinne Chatel, résidente de Fabreville, s'investit depuis près de cinq ans.

«Aujourd'hui, grâce à Mon sac d'école, 972 jeunes ont accès à l'éducation. J'ai commencé en amassant des fonds auprès de mes voisins et mes amis. La première année, avec 3000 $, on a envoyé 183 enfants à l'école», se souvient la femme de 56 ans.

L'idée est née d'une discussion avec Médiatrice, une amie de Mme Chatel et originaire du Burundi. «Un jour, Médiatrice me racontait comment sa sœur, encore là-bas, avait fêté Noel, en faisant de la nourriture pour les enfants de la rue», explique Corinne Chatel. Émue par une telle générosité, cette grand-mère était décidée à faire sa part. Très vite, l'accès à l'éducation s'est imposé comme étant un outil essentiel pour l'avenir de ces enfants.

Un suivi assidu

En fournissant le sac, le matériel, l'uniforme et les frais de scolarité, l'organisme suit aujourd'hui des jeunes de 6 à 25 ans, allant du secondaire à l'université, dans la capitale, Bujumbura, sa périphérie et des régions éloignées.

«On reçoit les notes et les suivis scolaires. Cela nous permet de suivre les enfants et d'éviter la fraude. Ils ont tellement peu que souvent l'uniforme est leur unique vêtement. On préfère donner la chance aux enfants qui vont continuer d'une année à l'autre», explique la «bonne maman», comme l'ont surnommée les petits Burundais.

L’éducation pour s’en sortir

Aujourd'hui, grâce à Mon sac d'école, 972 jeunes ont accès à l'éducation.(Photo: Courtoisie)«Les enfants sont les piliers de l'avenir. Comme ce qui s'est passé en Égypte, un peuple éduqué peut tout affronter. Avec l'éducation, ils ont l'espoir de pouvoir s'en sortir», croit-elle.

Orphelins, pygmées ou déplacés de guerre, l'organisme cible les enfants les plus démunis, conscient que les besoins vont bien au-delà de l'éducation. «Les conditions sont très difficiles. Beaucoup mangent au dépotoir et souffrent de malnutrition. Distribuer de la nourriture, c'est une aide ponctuelle. Avec l'éducation, on veut les rendre autonomes.» Avouant que ces décisions lui «déchirent le cœur», Corinne Chatel admet que le choix des combats est l'unique façon d'obtenir des résultats.

Assurer un financement constant

La résidente de Fabreville pose avec un enfant du Burundi, lors d’un voyage.(Photo: Courtoisie)Pour permettre aux enfants de suivre une scolarité normale, l'organisme doit assurer un financement constant.

«Si une année est moins bonne, on ne peut pas dire aux enfants qu'ils doivent abandonner l'école.» Et comme pour beaucoup d'organisations, l'année 2010 a été moins fructueuse, à cause de la grande sollicitation du public.

«C'est sûr qu'avec Haïti, qui nous a tous émus, et moi la première, les gens ont surtout donné pour cette cause. Du coup, on avait moins de rentrées d'argent. Heureusement, nous avions encore un peu d'argent du prix de L'Actualité», poursuit la lauréate de Réalisez vos rêves, auquel était rattaché 30 000 $, organisé lors du 30e anniversaire du magazine, en 2006.

Cette expérience fait aujourd'hui réaliser à Corinne Chatel, le pouvoir «qu'on a de changer les choses de façon positive», un enseignement qu'elle partage volontiers lors de conférences dans les écoles de la région.