Burundi : un des principaux dirigeants exclu du parti présidentiel
Politique

@rib News, 13/03/2011 – Source AFP

Manassé NzobonimpaLe parti présidentiel burundais a exclu l'un de ses plus hauts dirigeants accusé d’« être allé à l'encontre de l'idéologie" du parti en dénonçant publiquement un "groupe de corrompus » qui gangrènent le parti et la démocratie, a-t-on appris dimanche.

« Manassé Nzobonimpa a été exclu du parti CNDD-FDD parce qu'il est allé à l'encontre de l'idéologie du parti, il vient d'être exclu à l'unanimité et par vote par les cadres du parti », a déclaré à la presse le porte-parole du parti présidentiel, Onésime Nduwimana.

L'exclusion a été décidée samedi au cours « d'une assemblée générale » qui a réuni 401 cadres du CNDD-FDD à Bubanza (Ouest), fief de M. Nzobonimpa, en présence du président Pierre Nkurunziza, à la tête également du Conseil des sages, l'organe dirigeant du parti.

Manassé Nzobonimpa, jusqu'ici Secrétaire de ce Conseil, dénonçait depuis fin février un « groupe de corrompus » au plus haut sommet de l'Etat qui gangrènent le parti et étouffent la démocratie au Burundi.

Le parti présidentiel reproche à M. Nzobonimpa de « s'être exprimé de manière inappropriée et de chercher à le déstabiliser » à quelques jours d'un Congrès décisif qui devait avoir lieu début mars et qui a été reporté à fin mars ou début avril.

M. Nzobonimpa, ancien commandant de la région Ouest dans l'ex-rébellion hutu aujourd'hui au pouvoir dans ce pays, est l'un des hommes les plus respectés au Burundi.

« Les cadres du parti ont eu peur de prendre position pour M. Nzobonimpa, même s'ils sont nombreux à penser comme lui », a assuré un haut cadre du parti présidentiel, sous couvert d'anonymat.

Le deuxième Vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, vient également de dénoncer « un petit groupe » de dirigeants, responsables selon lui de la corruption qui a poussé la communauté internationale à suspendre son aide. Le Burundi est classé actuellement parmi les trois pays les plus corrompus du monde.

« Et nous tous, nous nous taisons, nous nous comportons comme des complices de ce petit groupe de gens », a accusé M. Rufyikiri.

Le Burundi sort d'une guerre civile (1993-2006) qui a fait plus de 300.000 morts et ruiné son économie, classée parmi les plus pauvres du monde.