Burundi Coup de Cœur : Défendre les enfants albinos
Diaspora

Le Télégramme, 30 mars 2011

La semaine passée, la Quiméproise Marie-Rose Nshimirimana s'est envolée pour Bujumbura, capitale du Burundi. De là, elle ira rejoindre sa ville natale, Gitega. Avec, à cœur, la défense des enfants albinos.

Là-bas l'attendent les responsables d'Addis-Galicia, l'ONG espagnole qui rayonne sur plusieurs nations d'Afrique noire et notamment au Burundi et par qui elle est mandatée depuis novembre 2009. Là-bas aussi l'attendent des enfants un peu particuliers, exclus, bannis, considérés comme des « demi-dieux » mais des demi-dieux sources de maléfices et qu'il faut donc exterminer : les albinos.

Fondatrice fin 2002, à Quimper, de l'association Burundi Coup de Cœur et arrivée en France en 1995, Marie-Rose Nshimirimana s'est d'abord battue pour les orphelins et les veuves victimes de la guerre civile de 1993 et du Sida qui sévissait au même titre que les machettes.

Collégienne lors de l'épuration ethnique de 1972, elle a connu et traversé les épopées macabres qui ont laissé sa terre exsangue. Elle, de père Hutu et de mère Tutsi, fuyant une nation reconvertie dans la violence, fait face maintenant au malheur des enfants albinos.

Sordide sorcellerie

Ces derniers sont entre 700 et 900 dans le pays qui compte huit millions d'êtres, au mieux « parqués » dans des centres, au pire éparpillés dans des cases isolées, en proie à la furie superstitieuse. Car ici, ce n'est pas une question de racisme contre les blancs mais bien la crainte du maléfice, la sorcellerie poussée dans ses retranchements les plus sordides, jusqu'à la vente de membres humains aux voisins.

Le cas est plus représentatif en Tanzanie, pays limitrophe et largement plus vaste géographiquement. Mais une récente loi condamne sévèrement l'assassinat des enfants albinos. Alors, les « gourous » tanzaniens commandent leurs victimes au Burundi où le gouvernement fait mine de ne pas y voir grand-chose.

Des « mercenaires » assassinent et dépècent les enfants sur place - souvent abandonnés à la naissance ou réfugiés - et vendent leurs membres aux sorciers du pays voisin qui se dédouanent de ce fait de l'acte de mort. Les membres sont alors brûlés ou enterrés, créant dans l'esprit collectif une source de bienfaisance et de prospérité...

Alors, ici, on se bat pour leur protection, contre cet acharnement digne d'une Place de Grève moyenâgeuse, contre les enlèvements. Mais il y a beaucoup de travail et ils sont extrêmement malheureux, rejetés de tous. Marie-Rose reviendra dans trois mois, avec un dernier bilan de ses actions.

Jérôme Classe