Le kiswahili s’installe aux USA
Société

El Watan, 21.05.11

C’est la première langue d'origine africaine

Des mots ou des expressions popularisés par des films et des livres.

Du roman La ferme africaine de Karen Blixen, qui donna le film Out of Africa, au dessin animé de Disney Le Roi lion, tout le monde connaît au moins un mot de kiswahili. Hakuna matata (il n’y a pas de problème), pole pole (doucement), rafiki (ami) ou safari (voyage) arrivent certainement en tête.

Mais le kiswahili, largement parlé en Afrique de l’Est et des Grands lacs, relève de tout autre chose. Son importance ne se dément pas : il s’agit, selon l’Université américaine de Stanford, de la langue la plus parlée en Afrique après l’arabe, mais la première d’origine continentale.

Quant au nombre de locuteurs, le doute persiste, car aucune étude n’existe sur le sujet, même si des estimations de la Banque mondiale, datant de 2005, évaluent ce nombre compris entre 120 et 150 millions de personnes à travers le monde.

Du fait de la diaspora et des enseignements proposés, le kiswahili est parlé sur les cinq continents. Les plus prestigieuses universités américaines ont ainsi leur propre département de kiswahili au sein de leur faculté de langues. Selon l’Université de Virginie, plus d’une centaine d’Universités l’ont inclus dans leur programme sur la planète.

Les radios internationales, avec dernièrement RFI, diffusent les informations en kiswahili en Afrique de l’Est. Si la Tanzanie, avec Zanzibar, est l’Etat swahiliphone par excellence, la langue est largement parlée et comprise au Kenya. Les Comores, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et l’est de la République démocratique du Congo (RDC) comptent également des milliers de locuteurs.

L’usage de la langue est aussi courant dans le Nord du Mozambique, du Malawi et de la Zambie. Le kiswahili est une langue façonnée depuis des siècles par les influences touchant la côte orientale du continent, où elle est apparue aux alentours du Xe siècle. On y retrouve ainsi le poids de l’arabe dans les chiffres. L’origine du mot swahili vient d’ailleurs de l’arabe sahil qui signifie «côte, littoral». Le kiswahili a historiquement emprunté à une langue étrangère puis façonné un mot qu’il n’avait pas dans son propre vocabulaire. Si ce fut le cas avec l’arabe, le persan et le portugais, c’est de plus en plus courant avec l’anglais. Ainsi, ordinateur (computer en anglais), se dit kompyuta en kiswahili.

Les exemples sont nombreux. On retient la version phonétique anglaise pour l’écrire en kiswahili. Enfin, une nouvelle pratique a vu le jour, celle du «Kiswa-English». Particulièrement visible parmi les étudiants qui mélangent kiswahili et anglais à tour de bras, un mot après l’autre, cette langue nouvelle génération a le don d’irriter les défenseurs du kiswahili. «C’est pour nous montrer qu’ils sont éduqués, et qu’ils connaissent l’anglais», disent les détracteurs.