Dialogue de sourds autour de la crise énergétique au Burundi
Economie

PANA, 11 juillet 2011

Bujumbura, Burundi (PANA) - Les représentants de la population de Bujumbura et le deuxième vice-président de la République, en charge des questions économiques et sociales, Gervais Rufyikiri, n’ont pas pu accorder leurs violons, lors d’un débat public organisé, lundi, sur les voies et moyens de résorber le problème de la crise énergétique.

Après avoir annulé le mois dernier sa décision de réviser à la hausse les tarifs de l’eau et de l'électricité dans des proportions allant du simple au quadruple, acculé par des pressions venant des organisations des consommateurs qui appelaient au soulèvement populaire contre la mesure, l’Etat burundais revient à la charge, par l'intermédiaire du Parlement burundais qui a mis sur pied une commission chargée de proposer des hausses tarifaires plus raisonnables.

Dans sa tentative de convaincre une population toujours réticente du bien fondé de revoir à la hausse les tarifs de l’eau et électricité, le vice-président burundais a rappelé à l'assistance que la quantité disponible du courant électrique pour tout le pays ne dépasserait pas actuellement les 42 mégawatts pour des besoins réels de consommation de l’ordre de 270 mégawatts.

La hausse des tarifs sur l’électricité permettrait également d’investir dans de nouveaux ouvrages hydroélectriques et autres sources d’énergies renouvelables pour passer de 2% d'abonnés du moment à au moins 15% dans l’avenir, a encore argumenté le vice-président burundais qui tente un argument plus convaincant selon lequel  les investisseurs étrangers demeureront réticents à venir au Burundi aussi longtemps que le pays vivra dans le noir.

Au niveau de l’eau, les représentants de la population à Bujumbura, la capitale, ont été également informés qu’il faudrait multiplier la facture du moment par au moins six pour avoir de quoi réaliser de nouveaux investissements dans le secteur et prétendre à un approvisionnement régulier en ce précieux liquide, l’Etat burundais nourrissant l'ambition de porter le taux de desserte en eau de 65% à plus de 85% d’ici 2015.

Les représentants de la population ne l’ont pas entendu de cette oreille et ont demandé plutôt à l’Etat de régler d’abord ses factures envers la Régie nationale de production et de commercialisation de l’eau et l'électricité (REGIDESO) au lieu de chercher l’argent du côté d’une population au pouvoir d’achat jugée «très faible».

La dette des tiers envers la REGIDESO avoisinerait les 5 milliards de Francs burundais (près de 5 millions de dollars US).

La REGIDESO devrait également renoncer aux avantages relatifs à la gratuité de l’eau et électricité pour son personnel et certains autres corps privilégiés de l’Etat, ont encore suggéré les intervenants au débat public.

D’un autre côté, les citoyens ont rappelé que la REGIDESO n’en était pas à sa première hausse, sans qu’il y ait toutefois un léger mieux, d’où la suggestion populaire de s’assurer d’abord que la gestion administrative et financière de l’entreprise étatique, ayant le monopole de la production de l’eau et électricité, est réellement saine.