Kavakure : "Honorer la mémoire de Ndadaye c’est exorciser les démons de la haine"
Diaspora

@rib News, 22/10/2008

Commémoration du  15ème anniversaire de

l’assassinat du Président Melchior NDADAYE

Bruxelles, 21 octobre 2008

Discours de S.E. l’Ambassadeur Laurent Kavakure

Excellence Monsieur le Premier Vice-Président de la République

Monseigneur l’évêque de Muyinga,

Honorable Madame Laurence Ndadaye,

Excellences Messieurs les Ministres,

Messieurs les Prêtres,

Excellences, mesdames, messieurs,

C’est un honneur pour moi de prendre la parole en cette occasion où nous commémorons le 15ème anniversaire de l’assassinat de SE le Président Melchior Ndadaye et de ses proches collaborateurs parmi lesquelles Pontien Karibwami, le Président de l’Assemblée Nationale, Gilles Bimazubute, Vice-Président de l’Assemblée Nationale, Juvénal Ndayikeza, Ministre de l’intérieur, et Richard Ndikumwami, Administrateur Général de la documentation nationale.

Je me sens de tant plus honoré que nous avons un invité de marque, à savoir notre Premier Vice-Président de la République, le Dr Yves Sahinguvu. En dépit de sa longue mission de travail qu’il a d’abord effectuée ici en Belgique, puis au Canada où il a représenté notre pays au sommet de la Francophonie, SE le Premier Vice-Président, en compagnie de son épouse et de toute sa délégation a tenu à se joindre à nous à l’occasion de cette commémoration. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il aura l’occasion de vous saluer et vous aurez beaucoup de plaisir à l’écouter.

Nous sommes aussi honorés, Excellences, mesdames, messieurs, par la présence parmi nous de l’Evêque de Muyinga, Monseigneur Joachin Ntahondereye. Dès qu’il nous a annoncé, il serait de passage en Belgique, nous avons été heureux de l’inviter afin qu’il puisse s’associer à ces cérémonies et nous combler de sa bénédiction.

Au nom de la communauté ici rassemblée et en mon nom propre, j’adresse nos salutations et une chaleureuse bienvenue à tous nos hôtes de marque. J’adresse nos salutations et une chaleureuse bienvenue à vous tous, chers compatriotes et à vous tous chers amis du Burundi qui êtes venus vous joindre à nous à l’occasion de cette commémoration du 15ème anniversaire de l’assassinat de SE le Président Melchior Ndadaye.

Excellences, mesdames, messieurs,

Le 21 0ctobre 1993 s’inscrit en caractères rouges dans les annales de notre histoire nationale. L’assassinat du Président Melchior Ndadaye a plongé notre pays dans la crise la plus longue et la plus meurtrière de son histoire. Nous avons vu des horreurs effroyables. Beaucoup de nos compatriotes, toutes ethnies confondues ont péri suite aux démons de la haine et de l’intolérance.

Nous voulons donc honorer ensemble la mémoire de toutes ces victimes de cette folie meurtrière qui nous a tous marqués, de près ou de loin. Nous pensons que cette commémoration partagée constitue une étape importante vers la réconciliation nationale.

Excellences, mesdames, messieurs,

Melchior Ndadaye compte parmi les plus grandes personnalités qui ont marqué la scène politique burundaise. Ce n’est pas par complaisance qu’il a été proclamé deuxième héros national, après le Prince Louis Rwagasore. Louis Rwagasore est le héros de l’indépendance nationale. Ndadaye est le héros de la démocratie. Mechior Ndadaye a bâti sa personnalité par son intelligence et sa force de travail, dans un environnement souvent hostile. Rappelons qu’en 1972, alors qu’il était élève à l’école normale de Gitega, il est exilé au Rwanda où il a terminé  brillamment ses études secondaires et universitaires.

Quant il rentre au Burundi en 1983, ses idées étaient trop en avance par rapport à son époque. Il prêchait la paix, l’égalité, la tolérance, la justice pour tous. Ces idées lui avaient valu deux mois de prison ferme, à Bujumbura d’abord, puis à Rumonge au lendemain des événements de Ntega Marangara.

Honorer la mémoire de Melchior Ndadaye, c’est honorer ce courage politique. Comme Rwagasore, Melchior Ndadaye était parfaitement conscient des dangers qu’il courait. Mais il a fait le choix du risque, il a fait le choix du peuple.

Nous nous souviendrons aussi de son projet de société, à travers un programme politique solide, articulé autour de 46 points. Il affichait une volonté et une détermination fermes pour le développement du pays. Honorer la mémoire de Melchior Ndadaye, c’est aussi nous engager résolument pour le développement de notre pays.

Excellences, mesdames, messieurs,

Melchior Ndadaye rêvait d’un Burundi paisible où cohabite harmonieusement les hutu, les tutsi, les twa et les étrangers.

Il avait si clairement exprimé ce rêve à l’issue du sommet de la Francophonie de l’Ile Maurice où il avait participé  3 jours avant son assassinat. C’était lors d’une interview qu’il avait accordée à la presse. En substance, il disait avoir été frappé par le degré de cohabitation harmonieuse entre les Mauriciens qui sont un mélange de races les plus diverses à savoir principalement les indiens, les noirs, les malais, les européens. Ndadaye invitait les burundais en proie au virus de la division à effectuer un voyage à l’Ile Maurice pour constater cette harmonie et les bienfaits qu’elle avait générés en termes de développement.

Honorer la mémoire de Melchior Ndadaye c’est encore une fois nous investir au quotidien pour exorciser les démons de la haine et de la division.

Excellences, mesdames, messieurs,

Avant de terminer, je reviendrais sur la triste nouvelle qui nous est arrivée en fin de matinée. A notre Ambassade nous sommes en deuil. La belle mère du Général Bernard Bijonya, notre attaché de défense est décédée à l’Hopital Brugmann, après une longue maladie. Nous exprimons nos sincères condoléances à la famille Bijonya et lui assurons de notre soutien en ces moments difficiles.

Avant de passer la parole à SE le Premier Vice Président, j’adresse mes sincères remerciements aux membres de la famille Ndadaye, aux amis de la famille, à tous les prêtres qui ont concélébré, à la communauté burundaise de Belgique, à la Paroisse Saint Josse, au personnel de l’Ambassade et à toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à la réussite de cette commémoration. Je félicite et encourage vivement notre chorale qui a bien animée cette célébration eucharistique.

Dieu vous bénisse

Laurent Kavakure

Ambassadeur