36 tués à Gatumba : Un acte de « génocidaires », dit Nkurunziza
Sécurité

@rib News, 19/09/2011 – Source AFP

Les corps de deux victimes après l'attaque d'un bar de Gatumba, au Burundi, le 19 septembre 2011Au moins 36 personnes ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi dans l'attaque d'un bar de Gatumba, près de Bujumbura, marquant une nouvelle escalade dans les violences de ces derniers mois qui font ressurgir le spectre d'une guerre civile au Burundi.

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, qui s'est rendu sur les lieux à la mi-journée, a déclaré trois jours de deuil national et promis que les responsables du « massacre » seraient « arrêtés et traduits en justice ».

Lundi, 23 corps étaient encore entassés dans le bar "Chez les amis" où s'est produit le drame la veille vers 20H00. Selon Jacques Minani, gouverneur de la province de Bujumbura rural où se trouve Gatumba, 13 autres corps se trouvaient dans les hôpitaux de la capitale Bujumbura. Un précédent bilan faisait état d'au moins 24 morts.

« Ceux qui ont commis cet acte sont des tueurs, des génocidaires qui ont commis un crime inqualifiable », a affirmé le président burundais devant une foule de 4 à 5.000 personnes.

« Tôt ou tard, les responsables de ce massacre vont être arrêtés et traduits en justice », a-t-il ajouté sans exclure de recourir à la voie diplomatique pour « ramener » dans le pays d'éventuels auteurs de l'attaque qui auraient « traversé la frontière de la République démocratique du Congo ».

Des attaques attribuées par les autorités à « des bandits armés » et par la population à une nouvelle rébellion se sont intensifiées à travers tout le Burundi, petit état d'Afrique de l'Est, depuis plusieurs mois.

La province de Bujumbura local abrite le principal fief des Forces nationales de libération (FNL), un ancien mouvement de guérilla dont le leader Agathon Rwasa est rentré en clandestinité depuis l'été 2010, et qui est accusé d'être derrière ce regain de violence.

Lundi, des témoignages recueillis auprès de la population et de responsables locaux évoquaient un possible acte de vengeance après une série d'exécutions de membres du FNL.

Le bar appartiendrait à un membre du parti présidentiel et recevait dimanche soir une équipe de football dont les membres seraient affiliés à la Ligue des jeunes du parti au pouvoir.

« Ceux qui nous ont attaqués ne sont pas de simples bandits, ce sont des combattants, des rebelles, (...), je peux le jurer sur ma tête, car je les ai vus », avait plus tôt lancé un blessé, sous couvert d'anonymat.

Selon des témoins, l'attaque, survenue vers 20h (14h heure locale), a duré environ 20 minutes.

« Des dizaines de personnes, en uniformes et portant des kalachnikovs et des grenades sont entrées dans le bar Chez les amis, ils nous ont dit de nous coucher par terre et se sont mis à tirer », a raconté un autre rescapé, Parfait, qui a perdu deux soeurs et un ami au cours de l'attaque.

Au lendemain du drame, la cour du bar était toujours parsemée de douilles et de flaques de pluies gorgées de sang, de bouteilles et chaises cassées.

Les écoles, administrations, boutiques de la ville étaient fermées.

Gatumba, à 13 km de Bujumbura, avait déjà été le théâtre en 2004 d'un massacre de quelque 160 réfugiés congolais tutsis. L'acte avait alors été revendiqué par le FNL.

Depuis plusieurs mois, la résurgence de la violence --affrontements entre police et bandes armées, exécutions sommaires ...-- fait craindre une reprise d'hostilités à plus grande échelle au Burundi. Entre 1993 et 2006, une longue guerre civile y a fait près de 300 000 morts.

Les violences ont repris au Burundi depuis le long processus électoral de l'été 2010, boycotté par l'opposition qui l'avait jugé biaisé, et qui a vu une très large victoire du parti au pouvoir tant à la présidentielle qu'aux législatives et aux élections locales.

Présent lundi matin à Gatumba comme la plupart du corps diplomatique accrédité à Bujumbura, l'ambassadeur de France, Jean Lamy, a dénoncé un « acte terroriste inqualifiable », et rappelé que la communauté internationale « condamnait avec la plus grande force ces actes de violence ».