Burundi : Un remaniement gouvernemental majeur et surprenant
Politique

MISNA, 8 novembre 2011

Un remaniement profond du gouvernement, qui voit la substitution, entre autres, des ministres de la Sécurité publique et des Affaires étrangères, a annoncé hier soir Léonidas Hatungimana, le porte-parole du président Pierre Nkurunziza, indiquant que le chef de l’Etat l’a décidé « comme promis au peuple burundais ».

En février, les membres de l’exécutif avaient signé un « contrat de performance » à réaliser au premier trimestre, qui prévoyait leurs remplacements en cas d’échec. Le président Nkurunziza a procédé au remaniement après « avoir examiné l’action des cabinets de chaque ministère », dans un contexte marqué par la reprise de la violence, à partir des élections générales de 2010, de la part d’éléments armés. L’acte le plus grave étant celui du massacre de Gatumba, en septembre, où 39 personnes ont été tuées.

APA

L’ancien chef de la rébellion hutu, considéré comme l’un des piliers du pouvoir, le commissaire de police Alain Guillaume Bunyon, a été remplacé par un autre général ex-rebelle, Gabriel Nizigama, pour « ne pas avoir pu vaincre les bandes armées qui déstabilisent le Burundi », a déclaré le porte-parole de la présidence. Augustin Sanz, ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale, cède sa place à l’ambassadeur Laurent Kavakure. «Victime» d’une grève illimitée des magistrats et de tensions dans le secteur judicaire, Ancilla Ntakaburimvo est remplacée par Pascal Barandagiye.

Le président Nkurunziza a par contre «récompensé» le bon travail de certains de ses ministres, comme Clotilde Nizigama, aux Finances, qui entretient de bonnes relations avec les donateurs et qui se voit confier la direction du département de la Planification pour le développement économique. Moise Bucumi, à la tête du ministère de l’Energie, aura également celui des Transports.

Parmi les 21 ministères qui composent l’exécutif de Bujumbura, 14 sont dirigés par des membres du parti présidentiel, le Cndd-Fdd, la principale ex-rébellion hutu au pouvoir depuis 2005.

« Au-delà de l’effet de surprise créée par le remaniement du gouvernement, prévu pour janvier 2012, lors du congrès du Cndd-Fdd, nous pouvons (encore une fois) rêver que nous sommes entrés dans une nouvelle culture de gouvernement? » se demande aujourd’hui le quotidien indépendant burundais «Iwacu», qui fait remarquer « un moment de grande tension au sein du parti au pouvoir entre deux courants », celui de son président, Jérémie Ngendakumana, et du Secrétaire général, Gélase Ndabirabe.

[VV/CO]