Elections en RD Congo : polémique sur la transparence du vote
Afrique

@rib News, 30/11/2011 – Source AFP

Le décompte des voix du double scrutin présidentiel et législatif de lundi se poursuivait mercredi en République démocratique du Congo où les missions d'observations internationales commençaient à livrer leurs premières et très prudentes conclusions provisoires.

Alors que la polémique sur la transparence du vote de lundi n'est pas éteinte, loin de là, faisant craindre de possibles dérapages et des violences lors de l'annonce des résultats, au plus tard le 6 décembre pour la présidentielle et le 13 janvier pour les législatives, les appels au calme se multiplient.

L'Union africaine (UA) et d'autres missions africaines d'observation ont ainsi demandé mercredi aux acteurs politiques de "respecter le résultat des élections".

Lors d'une conférence de presse conjointe à Kinshasa, elles les ont adjuré de "continuer à faire preuve d'une grande retenue et d'esprit de responsabilité en acceptant le résultat des élections et en cas de contestation de recourir aux procédures et mécanismes prévus à cet effet".

L'UA, mais aussi la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), la COMESA (Marché commun de l'Afrique orientale et australe), la CEEAC (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale) ont globalement estimé que ces élections s'étaient bien déroulées malgré des "difficultés techniques et logistiques" et des "actes de violence isolés".

Au nom de l'Union européenne, la Haute Représentante pour les affaires étrangères Catherine Ashton a appelé elle aussi au "calme et à l'apaisement pendant le dépouillement, la compilation et l'annonce des résultats".

En cas de contestation de ces derniers, Mme Ashton a appelé les forces politiques à "introduire toute contestation éventuelle par la seule voie légale ou juridique".

La première évaluation de la mission d'observation de l'UE avait été annoncée pour mercredi mais a été reportée à jeudi.

Même prudence du côté de la mission du Centre Carter. "Nous avons relevé des incidents dans beaucoup de bureaux de vote. C'est une élection très complexe et difficile, nous réservons donc notre jugement. La prochaine étape importante est la compilation, la saisie et l'annonce des résultats", a annoncé mercredi John Stremlau, qui codirige la mission avec l'ancien président zambien Rupiah Banda.

Il dit "espérer que les résultats (...) seront acceptés par le peuple et les candidats eux-mêmes".

La France a en revanche fait preuve mardi d'une certaine fermeté en condamnant "les incidents très graves et très nombreux" le jour du scrutin. "Tout cela ne va pas dans le bon sens", a été jusqu'à déclarer le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Parallèlement, le parti d'Etienne Tshisekedi, principal rival du chef d'Etat sortant Joseph Kabila à la présidentielle, a dénoncé des "fraudes", sans toutefois demander l'annulation du scrutin, comme l'ont fait quatre autres candidats mardi.

L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) "dénonce les fraudes et les violences qui ont émaillé le processus ces trois derniers jours, entre autres les interventions musclées des militaires dans les bureaux de vote au vu et au su des observateurs internationaux et nationaux", écrit son secrétaire général Jacquemin Shabani dans un communiqué.

Mardi, quatre candidats à la présidence, dont les opposants Léon Kengo et Vital Kamerhe, avaient demandé l'annulation des élections en dénonçant notamment des "irrégularités" ou des "fraudes" lors du vote.

Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, avait répliqué qu'il "n'y a rien pour annuler ces élections, vraiment rien, on n'y pense même pas!".