RDC : Kabila déclaré vainqueur mais Tshisekedi se proclame président
Afrique

@rib News, 09/12/2011 – D’après AFP et Associated Press

 Le président sortant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a remporté l'élection présidentielle du 28 novembre, selon la Commission électorale centrale indépendante (CENI), mais son adversaire Étienne Tshisekedi s'est aussitôt proclamé « président élu ».

Pendant que des incidents violents sont signalés à Kinshasa, où des pneus ont été incendiés près de certains bureaux de vote, Étienne Tshisekedi a appelé la population à « rester calme ».

Les partisans de M. Tshisekedi, 78 ans, ont menacé de descendre dans les rues si Joseph Kabila était proclamé vainqueur, ce qui est arrivé dans la journée de vendredi.

Tshisekedi réfute la conclusion de la commission électorale. Alors que la CENI a donné M. Kabila gagnant des élections, avec 48,97 % des suffrages, M. Tshisekedi, qui aurait recueilli 32,33 % des voix, s'est tout de même proclamé vainqueur.

« Je considère [les résultats de la CENI] comme une véritable provocation à notre peuple et je les rejette en bloc. En conséquence, je me considère depuis ce jour comme le président élu de la République démocratique du Congo, a-t-il déclaré. Je vous exhorte à rester soudés [...] derrière moi pour faire face aux événements qui vont suivre ».

Peu après le scrutin, M. Tshisekedi avait averti le président sortant de « respecter la volonté du peuple », le menaçant de lancer un « mot d'ordre », sans préciser de quoi il s'agissait.

Le principal candidat de l'opposition soutient qu'il dispose de procès verbaux qui « montrent clairement » qu'il est le gagnant « et de loin ». M. Tshisekedi s'était déclaré président le mois dernier, avant l'élection du 28 novembre.

Dans le quartier de la Gombe de Kinshasa, où se trouve la résidence de Joseph Kabila, l'annonce de la CENI, qui doit encore être sanctionnée par la Cour suprême de justice (CSJ), a déclenché des manifestations de joie.

Le président de la CENI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a affirmé : « Cette deuxième élection dans un pays qui a connu le chaos [deux guerres de 1996 à 2003], personne ne pouvait y croire ». Sans attendre la validation de la CSJ, il a donné rendez-vous aux électeurs en 2016.

Les observateurs internationaux ont jugé que le scrutin avait été entaché d'irrégularités et mal organisé, mais n'ont pas demandé son annulation. L'opposition accuse ces observateurs et la communauté internationale de soutenir aveuglément Joseph Kabila.

Le pays attendait l'annonce des résultats mardi. Depuis, un important dispositif policier et militaire est déployé à Kinshasa et l'ensemble de la République démocratique du Congo tourne au ralenti.

Jeudi soir, la CENI avait reporté une deuxième fois l'annonce des résultats, suscitant à nouveau des soupçons. Elle a expliqué qu'elle devait vérifier si les chiffres reçus par moyen électronique et ceux des procès-verbaux concordaient.

Des violences électorales ont fait au moins 18 morts et plus de 100 blessés dans le pays, principalement à Kinshasa, avant même la proclamation des résultats. Selon Human Rights Watch, la plupart des victimes ont été tuées par les forces du président Kabila.