Burundi : sécurité alimentaire et réconciliation |
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Deutsche Welle | 02.01.2012
Busoni, province de Kirundo, non loin de la frontière avec le Rwanda. Le paysage de collines est splendide, mais la région a connu dans le passé une grave crise alimentaire, parfois même des famines. C'est la province qu'a choisie la Welthungerhilfe, l'Agro action allemande, pour y mener, depuis 2010, un projet alliant sécurité alimentaire, paix et réconciliation. Andrea Jost est chef de mission :
Conservation des récoltes dans des hangars Le gestionnaire d'un hangar fait visiter les lieux. Construit en 2009 par la Welthungerhilfe, il comptait 16 membres à sa création. Deux ans plus tard, il y en a 189 et près de 1000 personnes viennent stocker leurs récoltes dans le hangar. La quantité de récoltes conservées a, elle aussi, considérablement augmenté, grâce notamment à la sensibilisation des habitants. Le prix de la cotisation des membres s'élève à 1000 francs burundais, l'équivalent de 50 centimes d'euro. Les comités de gestion des hangars prélevent, pour leurs frais de fonctionnement, 5% des récoltes stockées. Mais si l'amélioration de la conservation des produits de la terre est nécessaire, elle ne suffit pas pour combattre l'insécurité alimentaire dans un pays où 90% de la population vivent au dessous du seuil de pauvreté. Christian Ngendabanka est coordinateur de la promotion du secteur agricole dans le projet de l'Agro Action allemande : « L'insécurité alimentaire est liée à une perturbation pluviométrique depuis 2001. Avant, la région de Bugesera était la plus productive du pays. En partant du principe que cela devenait chronique, nous avons essayé plusieurs stratégies pour développer des mécanismes d'adaptation. »
Un pays encore marqué par les années de guerres Depuis 1962, date de l'indépendance du Burundi, des violences récurrentes, culminant parfois en massacres et guerres civiles ont ruiné le pays, et coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Une paix, plus ou moins solide, a été instaurée en 2005. Mais les déchirures restent vives dans la société burundaise. Alors avant de parler de réconciliation nationale, il y a au jour le jour tout un travail de terrain à accomplir pour régler ou désamorcer les conflits qui peuvent surgir au sein d'une communauté. A Busoni, le comité réconciliateur de la Welthungerhilfe est composé de 24 hommes et six femmes. Ils traitent une dizaine de conflits par semaine, alors que la commune compte 150 000 habitants. Les conflits sont généralement de types fonciers ou familiaux et ils sont surtout liés à la polygamie. La croissance démographique rend difficile le partage des parcelles souvent trop petites. La plupart du temps, les membres du comité réussissent à ramener la paix dans la communauté. Auteur : Marie-Ange Pioerron Edition : Anne Le Touzé |