Ruvakuki victime d’un bras de fer entre pouvoir et médias
Opinion

@rib News, 26/02/2013

Burundi : Qui de la justice burundaise et des confrères de Ruvakuki maintient ce dernier derrière les barreaux ?

Par Salvator Sunzu, Journaliste

Hier inconnu du grand public, Hassan Ruvakuki, journaliste à Isanganiro et correspondant d’RFI en Swahili est aujourd’hui à la une de l’actualité. Pour le pouvoir de Bujumbura, le journaliste a été pris en flagrant délit de collaboration avec un mouvement rebelle en gestation.

Pour ses confrères tant locaux qu’internationaux, Mr Ruvakuki était en Tanzanie dans l’exercice de sa profession de journaliste. Qui des deux côtés dit la vérité ? Quel que soit le détenteur de cette dernière, personne des deux côtés n’est parvenu à convaincre.

Avec les moyens qu’il a, le pouvoir aurait été en mesure de prouver que le journaliste n’était pas là pour des raisons purement et exclusivement professionnelles. Une simple démonstration par l’absurde aurait pu être concluante. Les confrères aux journalistes, y compris lui-même seraient parvenu à exhiber les ordres de missions et des évènements que leur employé était sensé couvrir.

Ruvakuki peut avoir été irrégulièrement emprisonné. Car le délit ou le crime dont il est accusé n’a pu être entièrement établi. Comme d’ailleurs ses confrères locaux n’ont pas été en mesure de le laver entièrement, à part qu’ils se sont accrochés avec pugnacité à des brèches offertes par les défenseurs extérieurs des droits de l’Homme et de la liberté de la presse qui souvent ont du mal à faire un arbitrage d’un jeu très versatiles des acteurs Burundais. Les hommes de médias sont de ces acteurs là.

Ruvakuki a-t-il participé ou pas à cette réunion subversive en Tanzanie ? A supposé qu’il y  aurait participé, l’a-t-il fait en tant qu’envoyé spécial d’un organe de presse ou à des fins personnelles ? Un non dit, de la part et d’autre, persiste sur ces questions. Dans tous les cas, la perpétuité a été commuée en emprisonnement de trois ans. Une sorte de recul de la part du pouvoir face à un prisonnier devenu embarrassant. Au lieu d’accompagner positivement ce virage, les journalistes ont préféré faire un baroud d’honneur.

Le pouvoir et son système judiciaire a senti le danger d’une forme d’humiliation. Ils ont du coup stoppé ou retardé son initiative. De plus, Ruvakuki innocenté devra tout naturellement contre attaquer judiciairement.  Et cela le pouvoir ne voudrait en entendre parler.

C’est vrai que des deux côtés, chacun a joué son jeu. Mes confrères de la presse indépendante locale et internationale ont fait un travail de plaidoyer – ou d’influence- assez impressionnant.  Ils ont agi et réagi d’une manière très coordonnée. Bujumbura et le pouvoir judiciaire ont usé des mêmes méthodes, souvent irrationnelles car manquant d’objectifs à plus ou moins cout terme. Il a ramé à vue. Ses adversaires savaient  par contre le lieu d’accostage. Et quand ce derniers  se sont sentis près à accoster, l’idée du baroud d’honneur leur a passé en tête.

D’où le raidissement du ministère public, matérialisé par son appel de la dernière décision des juges. Et si ce raisonnement se révèle vrai, qui du pouvoir et des confrères à Ruvakuki maintient ce dernier derrière les barreaux ? Tous les deux probablement.

Et notre confrère Ruvakuki ne serait enfin de compte qu’une victime d’un jeu malsain d’un pouvoir peu habile dans le dossier, et d’une frange des journalistes très politiquement inspirés. Même s’ils rejettent cela d’un revers de la main. Ruvakuki ne serait finalement maintenu en prison que par l’« agatsinde » perceptible des deux côtés des protagonistes, l’intéressé exclu.