Burundi : Du choix de Nkurunziza dépendra la suite de l’Histoire
Opinion

@rib News, 14/06/2013

Le Président Nkurunziza veut rester… Encore ?

Par Nyandwi Léon

 La Constitution burundaise n’entretien aucune ambigüité sur le nombre maximal des mandats présidenti els. L’article 96 stipule clairement que seuls deux mandats sont permis. Pour renforcer cette limite, le même article établi que le renouvellement du mandat présidentiel ne se fait qu’une seule fois. La particularité arrêtée sous l’article 163 (4) n’insinue aucunement l’élargissement du nombre de mandats. Plutôt, il nuance les modalités de l’élection du premier président post-transitoire - ceci pour apporter une garantie explicite que 2005-2010 fut bel et bien un mandat présidentiel constitutionnellement reconnu, nonobstant le type de scrutin.

Nkurunziza ne peut pas nier qu’il a eu, pendant son 1er et 2è mandat, plein droit aux privilèges et pouvoirs réservés à l’institution présidentielle. De ce fait, nous somme de l’avis que l’insatiable appétit du pouvoir du ‘Premier Citoyen’ burundais est d’autant plus odieux qu’indéfendable – Deux renouvellements des mandats pour en totaliser 3 pour rester 15 ans au pouvoir; voila ce que veut le Président actuel – cela est inconstitutionnel. Simplement.

Aujourd’hui, entre Nkurunziza et un unième mandat s’érige la Constitution de la République du Burundi. Va-t-il la violer? Wait and see mais ce qui est sûr, un tel acte ne serait pas sans conséquences graves qui risqueraient d’entacher à jamais l’histoire du Burundi ainsi que l’héritage de sa présidence.

Pour rappel, l’article 117 qualifie cet acte de ‘Haute Trahison’. Si c’est le cas, le peuple burundais pourrait alors saisir le destin du pays dans ses mains – l’article 7 de la Constitution ouvre la voie à cet option. Une autre conséquence grave serait la perte de la suprématie de l’autorité civile sur d’autres composantes de l’État comme l’Armée - l’article 246 ne pourrait plus être invoqué et/ou garantie pour un gouvernement illégitime. En plus de cela, la déchéance d’un président jugé illégale ne serait pas à exclure non plus car les articles 116, 118, 119 et 120 prescrivent des moyens parlementaires efficaces à cet effet.

Nous savons bien que le CNDD-FDD, comme l’Opposition, regorge des individus aux statures d’hommes et femmes d’États capables de prendre la relève au niveau de la direction du pays. Malgré le respect et l’affection que nous témoignons à son Excellence, une décennie au pouvoir suffit amplement. En démocratie, personne n’est irremplaçable. Au lieu de vouloir s’attarder sur le confortable fauteuil présidentiel, il serait peut être grand temps de préparer la relève et rentrer dans l’histoire de la nation la tête haute.

Abdoulaye Wade (Sénégal), Arap Moi (Kenya), Kenneth Kaunda (Zambie), Nelson Madiba Mandela (Afrique du Sud) etc. sont des sages hommes d’État qui ont passé le témoin dans une grande sérénité. Il y a eu aussi Mobutu (ex-Zaïre), Idi Amin Dada (Uganda), Jean-Bédel Bokassa (Centre Afrique) etc. qui ont choisi l’entêtement et fermer les yeux à la réalité – leurs fins furent tristes, pour dire le moins.

Comment peut-on expliquer le revirement du Président Nkurunziza? Le pays pourra-t-il vaincre cette tendance tyrannique qui perdure depuis l’indépendance? Quoi qu’il en soit, nous restons fondamentalement convaincus que la démocratie fleurira. La République se lèvera - un jour. Ce n’est qu’une question de temps.

Notre avis est qu’un parti politique au pouvoir qui démontre une incapacité chronique et permanente de résoudre des problèmes sérieux directement liés à son fonctionnement et au fonctionnement de l’État est un parti affaibli, décadent avec un lendemain incertain. À partir du moment qu’une formation politique ferme ses yeux devant ce fait, elle déclare inévitablement sa démise - et le Régime en place en est la preuve la plus incontestable. Ce n’est pas trop tard de rectifier le tir. Le choix du Président Nkurunziza déterminera la suite de notre l’histoire collective.

Bujumbura, Nyandwi Léon