Burundi : De nombreuses zones d’ombre dans l’Affaire Bamvuginyumvira
Justice

RFI, 10 décembre 2013

Burundi : le leader de l’opposition écroué dans une affaire de mœurs

Au Burundi, le vice-président du parti d’opposition Frodebu, Frédéric Bamvuginyumvira a été écroué, le lundi 9 décembre 2013, après quatre jours d’une discrète garde à vue à Bujumbura, dans une sombre affaire de mœurs.

Officiellement, les autorités judiciaires burundaises poursuivent ce leader d’opposition et ancien vice-président du pays à la fin des années 90, d’atteinte aux bonnes mœurs et de tentative de corruption. Un dossier qui comprend de nombreuses zones d’ombre et suscite beaucoup de questions.

C’est un membre du secrétariat général de la Cour suprême du Burundi qui s’est chargé, lundi, d’expliquer, au nom du procureur général, pourquoi cet opposant a été arrêté puis écroué. Un mélange de genre plutôt surprenant.

Et malgré les dénégations de Frédéric Bamvuginyumvira, Emmanuel Rumbete assure qu’il s’agit d’un cas de flagrant délit. Du « tout cuit » : « Sieur Bamvuginyumvira Frédéric et dame Nzeyimana Joséphine ont été appréhendés en train d’avoir des relations sexuelles, le jeudi 5 décembre 2013 ».

Problème : les avocats de la défense rappellent que même si cela était vrai, il n’y aurait aucune infraction puisque son épouse n’a pas porté plainte comme le prévoit la loi burundaise. Mais surtout, la seule preuve matérielle de l’accusation est une photo où l’on voit le couple, habillé de pied en cap et assis sur un lit qui n’a pas été défait.

Photomontage grossier

Un photomontage grossier selon Me Fabien Segatwa, qui accuse le parquet de s’être ensuite rabattu sur l’accusation de tentative de corruption. Le président de l’ADC-Ikibiri, une coalition qui regroupe l’opposition radicale burundaise n’y va pas par quatre chemins : « C’est trop grossier, je suis choqué. On ne peut pas s’imaginer un gouvernement qui accepte de se couvrir de honte comme ça ».

Le pouvoir chercherait à éliminer selon lui, cet homme intègre, très respecté dans la société burundaise et représente un danger pour la présidentielle de 2015.