Burundi : Les professionnels de santé font de la discrimination des malades du Sida
Santé

@rib News, 28/05/2014 - Source Xinhua

Les professionnels de santé participent dans la stigmatisation et la discrimination des malades atteints du VIH/Sida au Burundi de plusieurs manières, a reconnu mercredi le médecin burundais Jérémie Biziragusenyuka, Coordonnateur National d'un projet ESTHER "Ensemble pour une Solidarité Thérapeutique et Hospitalière en Ré seau" (outil de coopération bilatérale entre les gouvernements français et burundais dans le domaine du Sida).

D'après cet expert, les principales pratiques discriminatoires exercées envers les malades atteints du Sida par certains professionnels de santé au Burundi au niveau des structures hospitalières, sont notamment le refus de fournir des soins à une femme enceinte vivant avec le VIH, de faire accoucher des femmes séropositives ou de donner du traitement aux enfants nés des mères séropositives.

Il arrive aussi, a-t-il ajouté, que des professionnels de santé peuvent tenir des propos déplacés et adopter des comportements discourtois à l'égard des malades atteints du Sida.

La révélation du statut sérologique de ces derniers, a révélé l'expert sanitaire, est à inscrire aussi au palmarès des pratiques discriminatoires dirigées contre les personnes infectées ou affectées par le VIH-Sida.

Même quand les malades atteints du Sida ne sont pas refusés dans les structures sanitaires en tant que tel, a-t-il fait remarquer, ils sont pointés du doigt, dénigrés et catalogués de façon dévalorisante comme quoi ils sont infectés par le VIH.

D'après Dr Biziragusenyuka, la stigmatisation liée au SIDA au Burundi peut, au delà du rejet du malade, se manifester aussi par l'isolement, l'accusation et l'humiliation par la famille directe ou par le voisinage immédiat des personnes sidéennes.

Ainsi, a-t-il noté, "on peut trouver des femmes chassées de leur ménage sur influence de leurs belles mères ou de leurs belles sœurs pour avoir dévoilé leur séropositivité ou pour n'avoir pas fait téter leurs bébés pour leur protéger contre l'infection au VIH".

Ces pratiques, a fait remarquer Dr Biziragusenyuka, poussent certains malades atteints du SIDA à l'auto-stigmatisation. Ces malades, a-t-il dit, se cachent, se culpabilisent, renoncent à leur traitement en restant à leur domicile, dissimulent leur état sérologique et meurent faute de soins après avoir contaminé les autres (conjoints, enfants,..).

Cela fait que la riposte au VIH est retardée, voire même soldée par un échec, a-t-il commenté. Pour rectifier le tir à travers une réponse appropriée au VIH, le médecin Biziragusenyuka a proposé d'enclencher une synergie opérationnelle de tous les acteurs en impliquant au premier plan les professionnels de santé. Pour atteindre un bon résultat, a-t-il proposé, une telle synergie doit associer de près les réseaux des Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH).

Le fer de lance du plaidoyer, a-t-il ajouté, doit se focaliser sur le changement de comportement afin que tous les professionnels de santé puissent intérioriser que les personnes infectées par le VIH sont des patients à traiter au même pied d'égalité que les autres malades.

"Au demeurant la loi burundaise portant protection des personnes infectées ou affectées par le VIH devrait sévir dans toute sa rigueur afin de frapper fort les récalcitrants en matière de stigmatisation-discrimination des malades atteints du Sida au Burundi", a plaidé le médecin burundais.