RFI, 30-05-2015 Le sommet de Dar es Saalam qui s'ouvre ce dimanche 31 mai autour de la question d'une sortie de crise au Burundi suscite de nombreuses attentes au sein de l'opposition et de la société civile burundaise. Les uns comme les autres appellent les chefs d'Etat d'Afrique de l'Est à trancher la question du troisième mandat du président Nkurunziza. Ce dimanche 31 mai, lors du sommet qui se tient à Dar es Salaam, les chefs d'Etat de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Est vont se pencher sur des solutions à la crise née de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat.
Pour l'opposition et la société civile, le sommet doit avant tout régler le problème de cette candidature qui enflamme le pays. Le principal opposant burundais Agathon Rwasa lance un appel à ces chefs d'état de faire respecter l'accord d'Arusha qu'ils ont parrainé et fixe le verrou des deux mandats présidentiels. Il a très distincitement énuméré ses attentes. « Premièrement qu’ils [les chefs d'Etat] disent à Nkurunziza et à son CNDD-FDD qu’il est inacceptable qu’il se représente une troisième fois. L’enfer se serait balayer du revers de la main la Constitutoin et les accords d’Arusha. Deuxième chose, c’est qu’ils insistent sur la nécessité du report du scrutin pour que l’on puisse tenir des élections dans des conditions plus ou moins optimales en terme de normes démocratiques d’une élection. Une troisième chose, c’est que ces chefs d’Etat se penchent sur la question sécuritaire dans notre pays, parce que c’est vraiment anormal que l’on voit que pour réprimer une manifestation on doit recourir à une force excessive : mitrailleuses, lance-roquettes et consorts. » Un avis que partage aussi l'ancien président burundais Sylvestre Ntibantunganya, au pouvoir de 1994 à 1996. Lui aussi appelle les Etats de l'Afrique de l'Est à prendre des décisions importantes. « Il y a ce devoir de la région de dire aimablement au président Nkurunziza qu’il faut oser prendre la décision qu’il faut. Et la décision qu’il faut aujourd’hui, c’est le retrait de cette candidature qui est devenu un grave problème, dont les conséquences se jugent aujourd’hui au Burundi par ce flux de réfugiés dans les pays voisins, par ces violences qui ont emporté des gens, par cette déstructuration de nos forces de défense et de sécurité, par cette déstructuration des relations entre le pouvoir de l’Etat, au niveau de l’exécutif, avec d’autres secteurs de la vie nationale » Du côté de la société civile Le sommet représente aussi un nouvel espoir pour la société civile qui, depuis plus d'un mois, a appelé les Burundais à manifester. Elle demande une nouvelle fois aux chefs d'Etat de la région d'encourager le président Nkurunziza à renoncer à cette nouvelle candidature. Me Janvier Bigirimana est le secrétaire général du Focode, l'une des organisations qui ont signé cet appel. « Nous considérons que les chefs d’Etats de cette région ne devraient pas suivre un candidat dont la candidature divise toute la population burundaise. » Selon lui, il est indispensable que la question du troisième mandat soit explicitement mise sur le tapis et tranchée. « Cette candidature, qui a causé beaucoup de pertes en vies humaines, beaucoup de pertes au niveau de l’économie nationale, c’est une candidature à l’origine de beaucoup de maux qui risque d’handicaper l’avenir de ce pays. C’est pourquoi nous sommes confiants sur le fait que les chefs d’Etats pourront prendre en considération tous ces éléments, pour qu’ils puissent trancher en faveur de la paix, de la sécurité, en faveur de la stabilité plutôt qu’en faveur d’une candidature qui est contestée. » |