@rib News, 11/01/2015 Après les restrictions faites aux journalistes, opposants et membres de la société civile, c’est le tour des artistes chanteurs du Burundi de subir le même sort, déplore un journaliste de culture d’une radio privée du Burundi. Le pouvoir de Bujumbura est en train d’étendre sa répression contre les artistes musiciens, comme l’indiquent certains d’entre eux. Le cas le plus récent est celui de l’artiste Thomas Nzeyimana, alias Mkombozi (photo), le roi de la nouvelle génération du RnB et du Rap.
Selon ses propres propos, Thomas Nzeyimana reçoit des texto de la part d’inconnus qui lui interdisant de chanter des chansons contenant un message fort contre la corruption, les viols, les malversations économiques, les exécutions, etc. Les choses se sont compliquées pour Mkombozi il y a deux semaines. Alors qu’il venait de rendre publique sa nouvelle chanson qui porte son nom « Nzeyimana », les radios publiques ou proches du pouvoir telles que Rema FM (appartenant au parti au pouvoir CNDD-FDD) ont interdit que cette chanson soit jouée sur leurs antennes. Motif : Cette chanson accuse certains hommes et femmes politiques du Burundi. Le contenu de cette chanson est impeccable, raconte un expert en composition musicale. Outre ses rimes, lyriques taillées sur mesure, cette chanson est une parle d’une rare vérité. Le chanteur regrette que les grands dossiers, tels que la mort par décapitation des trois sœurs italiennes à Kamenge, n’avancent pas. Il déplore aussi que les assassins qui ont fait une quarantaine de mort à Gatumba en 2011 ne soient pas inquiétés, tandis que la Regideso continue de croiser les bras face à un manque de courant électrique. Mkombozi dit être plutôt content que ce message soit parvenue aux destinataires et dit vouloir continuer sa carrière. Cet ancien refugié de Mtabila en Tanzanie, est aussi l’un des artistes qui ont terminé leurs études, contrairement à ce que l’on avait l’habitude de voir au Burundi. « Je suis un artistes, mais aussi un intellectuel » a l’habitude de dire Mkombozi.Mkombozi, lauréat d’Isanganiro Awards, un prix décerné par la radio Isanganiro aux meilleurs artistes chaque année après vote des fans de la musique par internet ou par téléphone. Une autre victime de la répression est l’artiste de Karusi N John qui vient par ailleurs de quitter le pays « pour des raisons de sa sécurité ». Vivtor Prié alias N John est un récent lauréat d’Isanganiro Awards. Après sa victoire, le gouverneur de la province de Karusi, un ancien de la radio Isanganiro, Richard Nzokizwanimana, a construit un petit monument à ce jeune artiste, ancien réfugié lui aussi. Mais cette gloire n’a pas duré longtemps. Ce monument sera détruit par les forces de l’ordre assistées par les agents du renseignement. N John va prendre le large après des menaces du responsable des renseignements à Karusi qui l'avait même convoqués à maintes reprises. Le troisième groupe d’artistes menacés est celui dit Lion Story. C’est un groupe originaire de Gitega, au centre du Burundi, et composé essentiellement d’artistes qui ont fait des études supérieurs. Ce groupe vient de passer trois mois sans travailler après que sa chanson « Rekura iyintama » demandant la libération de Pierre Claver Mbonimpa ait retenti même dans les coulisses du Parlement européen. Le Maire de la ville Bujumbura, l’un des responsables provinciaux « les plus zélés du régime », à côté de celui de Bubanza et Makamba, n’a jamais donné l’autorisation à ce groupe pour faire des concerts dans la capitale burundaise. Ce groupe se dit victime de son refus de chanter pour le pouvoir et le parti CNDD-FDD. Même ceux qui ont chanté pour le régime depuis son arrivée ne sont pas tranquille. C’est le cas du groupe Amashiga composé de Pacifique, Romeo et Kaka Bonney. Ce dernier a dû quitter le pays pour se réfugier aux Etats-Unis. Les choses ne sont pas aussi faciles chez le pouvoir. L’un des artistes de renom du Nord du pays qui avait chanté la célèbre chanson « Shimirwa » glorifiant Pierre Nkurunziza aux allures d’un monarque aurait même viré vers l’opposition avec son équipe. Bruno Simbavimbere, président de l’association des artistes musiciens du Burundi déplore cet acharnement contre les artistes par des gens qui ne sont pas inquiétés jusqu’à présent. [JMM] |