RFI, 21-02-2015 Burundi : les signes de défiance se multiplient envers Nkurunziza Au Burundi, les obstacles semblent s’amonceler sur le chemin du président burundais Pierre Nkurunziza, qui n’a jamais fait mystère de son envie de se représenter pour un troisième mandat. La mobilisation sans précédent de la population, jeudi, à l'occasion de la libération de Bob Rugurika, le patron de la Radio publique africaine (RPA), risque de précipiter une crise ouverte au sein du camp au pouvoir. Officiellement, le parti CNDD-FDD reste un bloc monolithique qui parle d’une seule voix. Mais en réalité, la volonté du président burundais Pierre Nkurjnziza de briguer un troisième mandat divise profondément depuis des mois l’ancienne rébellion hutue, aujourd’hui au pouvoir.
Cette ligne de fracture est apparue au grand jour mercredi, avec le limogeage de trois principaux responsables des services secrets burundais, tous des généraux issus du premier cercle du pouvoir. Leur faute ? Une note de renseignement top secret envoyée au président Nkurunziza il y a une semaine, et qui lui conseille fortement de passer la main, sous peine d’enterrer définitivement son parti et la paix au Burundi. Depuis, ce document a fuité. Et il s’agit d’une véritable bombe, de l’aveu même d’un proche du président burundais. Désormais, une guerre feutrée fait rage entre les deux clans, mais elle reste cantonnée jusqu’ici au seul groupe des généraux issus de l’ex-rébellion, les seuls véritables maîtres du jeu dans ce parti. Enfin, la manifestation monstre qui a accueilli jeudi le directeur de la Radio publique africaine (RPA), Bob Rugurika, à sa sortie de prison est un nouveau coup dur pour Pierre Nkurunziza. Tout le monde considère ici que c’est un sérieux avertissement, un coup de semonce qui lui est adressé personnellement et qui donne du grain à moudre à ses nombreux adversaires, de l’intérieur et de l’extérieur. REACTION « On a senti une solidarité envers Bob Rugurika, mais c'était aussi à chaque fois l'expression d'un ras-le-bol de la société burundaise... ». Pacifique Nininahazwe, figure de la société civile, répond au ministre Nduwimana qui a qualifié la mobilisation de « soulèvement populaire contre les institutions » |