RFI, 25-02-2015 Burundi : le président nomme un nouveau chef des services secrets Il y a une semaine, le président burundais Pierre Nkurunziza (photo), de plus en plus contesté à cause de la volonté qu'on lui prête de briguer un troisième mandat présidentiel en juin en violation de la Constitution, limogeait son chef des services secrets. Il a pourvu mardi à son remplacement. Cette nomination, approuvée par le Sénat à l'unanimité, avait été gardée secrète jusqu'à la dernière seconde. Il s’agit d’un choix crucial car c'est lui qui est chargé de superviser la sécurité du chef de l'Etat.
Les spéculations allaient bon train depuis une semaine mais lorsque le nom du général Etienne Ntakarutimana, le candidat du président Pierre Nkurunziza a été dévoilé devant le Sénat mardi matin, cela a été une surprise totale. Etienne Ntakarutimana est un illustre inconnu. Un sénateur s'est chargé de vanter ses qualités à ses collègues : « Beaucoup ne le connaissent pas dans le pays, mais c'est un homme qui a le don d'être discret, un homme sage, très modeste, a déclaré le sénateur Jean-Bosco Kurisansuma. Moi je le connais, je l'ai eu sous mon commandent dès 1994 dans la rébellion. Mais surtout son nom n'est jamais apparu en public comme on le voit avec certains qui se sont spécialisés dans les crocs-en-jambe ces derniers temps. » Il s'agit sans doute d'une allusion à son prédécesseur, le général Godefroid Niyombare, limogé il y a tout juste une semaine parce qu'il aurait conseillé au chef de l'Etat de renoncer à briguer un troisième mandat présidentiel afin d'éviter de plonger de nouveau le Burundi dans la tourmente. Cette fois, Pierre Nkurunziza a choisi « un fidèle parmi les fidèles », selon un haut cadre du parti acquis à sa cause. Agé de 43 ans, le général Etienne Ntakarutimana, Steeve de son nom de guerre, est issu de l'ex-principale rébellion hutu du Burundi, le CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza, aujourd'hui parti au pouvoir. Cette nomination n'est peut-être pas un hasard. Il s'agit d'un homme plutôt expérimenté dans le renseignement. Formé notamment au Soudan et en France, il a dirigé les services secrets de l'armée burundaise. « Il aura besoin de toute cette expérience pour faire face à la contestation que devra susciter l'annonce d'une nouvelle candidature du président Nkurunziza », estiment ses proches. |