PANA, 01 mars 2015 Bujumbura, Burundi - L’Unité pour le progrès national (UPRONA) va présenter son ancien porte-parole, Gérard Nduwayo, à l’élection présidentielle de juin prochain face à trois autres candidats de l’opposition déjà déclarés, suite à une décision du congrès extraordinaire de l’ex-parti unique qui a été rendue publique dimanche. Les autres partis politiques de l’opposition qui ont déjà annoncé des noms de candidats à la présidentielle des prochains mois sont le Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU) qui va aligner Léonce Ngendakumana (président du parti), le Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD) qui compte sur Léonard Nyangoma, un vieux routier de la politique nationale, ainsi qu'Alexis Sinduhije, président du Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD) qui fut longtemps journaliste avant de se lancer en politique.
Deux de ces candidatures sont atypiques étant donné qu’elles émanent des leaders politiques du CNDD et du MSD en exil depuis la fin des précédentes élections générales de 2010 qui avaient été marquées par une forte tension postélectorale. Un suspens de façade est par contre entretenu du côté du parti au pouvoir qui renvoie depuis quelques temps les impatients à un congrès des prochains jours, avec une forte probabilité de reconduire le chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, de l’avis des observateurs attentifs à l’actualité électorale du moment au Burundi. Des organisations de la Société civile locale font partie des observateurs qui ne doutent pas trop de cette éventualité et sont en campagne depuis plusieurs semaines pour barrer la route à la candidature du président sortant, qui ne doit pas briguer un 'troisième mandat' sans violer les textes de loi électoraux en vigueur dans le pays, à leurs yeux. La mouvance présidentielle n’est cependant pas d’accord avec ceux qui soutiennent que le chef de l’Etat sortant en serait à son troisième mandat, s’il venait à se représenter pour la présidentielle de cette année. L’argument contraire est que le président sortant avait été élu par le Parlement en 2005 et non au suffrage universel direct pour conclure un premier mandat et en bonne et due forme. Le mandat qui compte, pour la mouvance présidentielle, est celui de 2010, quand le président sortant a été élu pour la première fois au suffrage universel direct après des années de régimes transitoires issus d’arrangements politiques suite à l’instabilité politique liée aux années passées de guerre civile dans le pays. Si ces arguments ne sont pas convaincants, il reviendra à la Cour constitutionnelle du pays de trancher, estime-t-on toujours du côté de la mouvance présidentielle. Le pouvoir en place compte encore utiliser l’ultime argument de la force publique au cas où les organisations de la Société civile venaient à mettre à exécution leur plan déjà annoncé de mettre dans les rues la population pour contrecarrer la candidature à sa propre succession du président sortant. Cette perspective commence à produire des effets pervers dans certaines contrées reculées du pays où des citoyens retireraient leurs avoirs des banques en prévision d’une guerre imminente qui découlerait du mauvais climat préélectoral qui prévaut dans le pays, annonçait samedi un reporter de la radio nationale du Burundi dans le Nord-est du pays. Le gouvernement a organisé samedi, dans les 17 provinces du pays, des marches-manifestations populaires 'pour la paix et pour conjurer la guerre annoncée'. Des noms d'activistes de la Société civile et des médias ont été conspués lors des marches-manifestations de samedi pour leur implication dans la campagne contre un troisième mandat, pour le moment supposé du président sortant. |