RFI, 03-03-2015 L’évasion de Radjabu, un nouveau coup dur pour le président burundais Opposition revigorée, parti qui se déchire et maintenant évasion d'un rival, Pierre Nkurunziza, le président burundais, est face à une multitude d'obstacles pour briguer un nouveau mandat. Au Burundi, les déboires s'accumulent pour le président Pierre Nkurunziza qui n'a jamais caché son intention de se représenter pour la troisième fois à la présidentielle. L'opposition et la société civile sont décidées à lui faire barrage, son camp se fissure avec le limogeage de plusieurs généraux des services secrets et une manifestation monstre contre lui a eu lieu. [Photo : Lors de leur première apparition publique après l’évasion de Hussein Radjabu, à l’occasion du lancement de la saison culturale lundi 2 mars, le président burundais Pierre Nkurunziza et son épouse sont apparus très affectés et songeurs.]
Cette fois, c'est l'ancien président du parti au pouvoir dans ce pays, le Cndd-FDD, Hussein Radjabu, qui s'est évadé avec trois proches dans la nuit de dimanche à lundi de la prison de Bujumbura. Il est toujours craint par le pouvoir qui lui prête une grande capacité de nuisance. Certains proches du président burundais le reconnaissent à contrecoeur, l'évasion de l'ancien homme fort de son parti est un nouveau coup dur pour Pierre Nkurunziza. Hussein Radjabu, grand stratège très charismatique, est en effet resté très populaire auprès d'une partie des militants du parti présidentiel qu'il a dirigé d'une main de fer depuis l'élection du président Nkurunziza en 2005, et jusqu'à son éviction deux ans plus tard. La rupture est consommée entre le chef de l'Etat et son ancien mentor quand Hussein Radjabu est condamné à 13 ans de prison pour complot contre la sûreté de l'Etat en 2008. Depuis, le pouvoir voyait sa main derrière la plupart des attaques attribuées à de nouvelles rébellions au Burundi. Le ministre de la Justice lui avait d'ailleurs refusé une libération anticipée il y a deux mois en affirmant qu'il risquait de déstabiliser le pays. Hier soir, l'avocat de l'ancien président du parti Cndd-FDD, Me Prosper Niyoyankana, se disait très inquiet en se demandant si son client n'avait pas été enlevé pour être tué tout simplement. Simple posture, réagit un haut responsable de la police du Burundi, qui est entrain de remuer ciel et terre pour le retrouver. Personne ici ne s'imagine que le timing de cette évasion soit un hasard, alors que le parti de Pierre Nkurunziza est totalement divisé sur sa candidature, à moins de quatre mois de la présidentielle au Burundi. |