PANA, 04 mars 2015 Evasion spectaculaire confirmée d’un célèbre prisonnier politique au Burundi Bujumbura, Burundi - Une mise au point du ministère burundais de la Justice est venue préciser mercredi, que l’ancien homme fort du Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, parti au pouvoir), Hussein Radjabu, s’est évadé de la prison de haute sécurité de Bujumbura avec trois des huit policiers de garde, son cuisinier, ainsi qu’un proche compagnon du lutte politique dans la nuit de dimanche à lundi au bout de huit ans de détention pour "atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat".
Les policiers ont emporté avec eux les armes de service ainsi que les équipements professionnels de télécommunication à leur disposition. Pour le porte-parole-adjoint du ministère de la Justice, l’aisance avec laquelle le groupe s’est évadé ne laisse subsister aucun doute sur l’existence de complicités internes et externes à la prison qui restent à vérifier. La version des faits du ministère de la Justice est venue contredire les déclarations à chaud de l’avocat de la défense du célèbre détenu, Me Propser Niyonyankana, selon lesquelles son client pouvait avoir été enlevé de la prison pour le liquider ailleurs. D'après la même source, Hussein Radjabu aurait échappé à des tentatives d'empoisonnement, a vécu un régime d'isolement et a été discriminé par la grâce présidentielle alors qu'il avait purgé plus du quart de sa peine. Au moment de son évasion, le stratège de l’ex-principale rébellion du pays des années 1993 à 2003 (CNDD-FDD) en était à plus de la moitié de ses 13 ans de peine à la prison de haute sécurité de la capitale burundaise pour 'atteinte à la sûreté de l'Etat'. Des enquêtes plus poussées ont été déjà lancées sur ce qui apparaît d’ores et déjà aux yeux de la justice burundaise comme étant une évasion organisée et savamment orchestrée. Un chef d’accusation aux contours aujourd’hui encore flous mais qui serait aussi synonyme de la rupture idéologique avec ses anciens compagnons de lutte armée actuellement au pouvoir, de l’avis des analystes politiques à Bujumbura. A sa démission de la deuxième vice-présidence de la République, en 2007, Mme Alice Nzomukunda, réputée proche de l’homme politique aujourd’hui en disgrâce, disait qu’elle entendait ainsi protester contre l’autoritarisme de Hussein Radjabu dans la conduite des affaires du parti. L’évasion de ce 'jeune loup' de la politique nationale intervient dans un contexte socio-politique tendu par les perspectives électorales dans le pays et alimente des spéculations sur la capacité de rebondir de Hussein Radjabu et de fausser la donne politique nationale grâce à ses réseaux d’influence qui sont restés intacts dans différentes couches socio-professionnelles du pays, selon les mêmes analystes. |