APA, 09-03-2015 Bujumbura (Burundi) – L’Église catholique du Burundi s’est déclaré opposée à un troisième mandat du Chef de l’Etat, a constaté dans un message diffusé dans toutes les églises du pays au cours de la messe dominicale, Les évêques rappellent que les Burundais se sont engagés à respecter les accords pour la paix et la Réconciliation d’Arusha et la Constitution qui imposent au président élu de la République du Burundi, quel qu’il soit, de ne pas dépasser deux mandats de cinq ans chacun.
"En interrogeant notre conscience de citoyens qui aiment leur patrie et en obéissant à notre devoir de responsables de l’Eglise qui ne souhaitent point que le pays replonge dans des controverses, dans des divisions et dans la guerre, nous déclarons que la parole et claire et sans équivoque", ont –ils dit dans leur message. Les évêques burundais ont également souligné dans leur texte que "seule une vraie démocratie permettra au pays d’arriver pleinement à bon port". "Nous savons tous que parmi les caractéristiques de la démocratie figure le renouvellement des institutions dans la paix à travers des élections libres et transparentes", ont-ils indiqué. Ils ont rappelé, par ailleurs, que ce sont les accords d’Arusha qui ont sorti le pays de la guerre. "Il ne faut pas que les dirigeants et les politiciens tombent dans le piège de leur donner leur propre interprétation de sorte qu’astucieusement, ils protègent leurs seuls intérêts." "Prenons la voie de la sagesse, mettons en avant l’intérêt supérieur de notre nation, pour que nous continuions à évoluer sur la voie de la démocratie que nous avons déjà choisie en toute liberté", ont-ils noté. Les évêques catholiques du Burundi ont indiqué par ailleurs qu’au "nom de la foi, l’église catholique n’est liée à aucun système politique. Elle peut collaborer avec n’importe quel régime politique sans distinction de religion ou d’ethnie d’appartenance des dirigeants." "Que personne ne se serve de l’église pour conquérir le pouvoir au risque de semer des divisions fondées sur la religion puisque celles-ci n’ont pas de fondement dans ses enseignements et dans sa nature même", ont indiqué les évêques. Dans leur message, les évêques burundais déclarent que "ce qui intéresse l’église catholique dans tout régime politique, c’est que celui-ci ne fonctionne pas à l’encontre des valeurs fondamentales auxquelles elle croit et qu’elle enseigne, à la lumière de l’évangile de Dieu." Selon eux, "ces valeurs sont notamment le respect de la dignité de la personne humaine, la vérité, la justice, la charité, la cohabitation pacifique, …. " En réaction à ce message, un conseiller en communication à la présidence de la République M. Willy Nyamitwe a indiqué ce lundi au cours d’une conférence de presse que ce n’est pas seulement l’accord d’Arusha signé en 2000 qui a ramené la paix au Burundi mais, qu’il faut aussi prendre en considération les différents accords de cessez-le feu signés après Arusha avec les groupes rebelles dont celui de 2003 que la rébellion du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie appelé communément (CNDD-FDD, au pouvoir) a signés pour déposer les armes. Selon M. Nyamitwe, la Constitution n’est pas seulement l’émanation de l’Accord d’Arusha, elle est également l’émanation des autres accords de cessez- le feu. Il faut donc laisser, selon lui, les instances habilitées, à savoir la Cour constitutionnelle qui va trancher sur cette affaire. |