RFI, 25-04-2015 Burundi : l'opposition prête à descendre dans la rue contre Nkurunziza La candidature annoncée du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel « risque de plonger le Burundi dans le chaos », a déclaré samedi 25 avril le principal opposant burundais Agathon Rwasa. L'opposition a appelé à des manifestations « pacifiques » dès ce dimanche afin de contrer ce qu'elle qualifie de « coup d'État ». La candidature annoncée du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel fait des vagues du côté de l’opposition. « Je n'accepte pas la candidature de Nkurunziza, elle viole l'accord (de paix) d'Arusha, elle viole la Constitution du Burundi et elle risque de plonger le Burundi dans le chaos », a déclaré samedi 25 avril le principal opposant burundais Agathon Rwasa (photo).
Le président Nkurunziza a été désigné samedi par son parti candidat à un troisième mandat présidentiel à l'élection du 26 juin, en dépit des vives protestations de l'opposition, dont Agathon Rwasa est l'une des figures de proue. Les tensions se cristallisent au Burundi sur la question de cet éventuel troisième mandat du chef de l'État et font craindre aux observateurs que le pays ne replonge dans la violence. L'opposition et de nombreux pans de la société civile jugent qu'un troisième mandat serait inconstitutionnel et contraire aux accords d'Arusha qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006). L'opposition juge un troisième mandat de Nkurunziza « inconstitutionnel » La société civile burundaise regroupée dans le collectif contre le troisième mandat, très engagé dans ce combat a appelé à des manifestations « pacifiques » dès samedi matin. Très respectée, par la population, ses principales figures à l'image de Pierre-Claver Mbonimpa, emprisonné il y a quelques mois pour avoir dénoncé des entraînements paramilitaires suivis par des jeunes du parti au pouvoir dans l'est de la RDC. « Cette troisième candidature de Nkurunziza est illégale, viole la Constitution. Nous allons manifester contre, à partir de demain matin, en silence et sans rien casser », a réitéré le président de la principale organisation de défense des droits de l'Homme locale (Aprodeh), Pierre-Claver Mbonimpa. Ces figures espèrent mobiliser un maximum de gens dans la capitale. Ils peuvent compter sur tous les partis d'opposition qui se sont placés sous leur bannière. Elle a aussi appeler à manifester dimanche afin de contrer ce qu'elle qualifie de « coup d'État » et contraindre Pierre Nkurunziza à renoncer à cette candidature. Le gouvernement a de son côté multiplié les mises en garde contre toute tentative de « soulèvement » et interdit les manifestations à partir de ce samedi 25 avril dans tout le pays. Il ne veut surtout pas voir se rééditer la manifestation montre qui avait accompagné la sortie de prison d'un célèbre journaliste. L'opposition se dit d'autant plus inquiète que le parti CNDD-FDD a annoncé au cours de son congrès que ses représentants dans toutes les institutions de la République vont désormais lui prêter un serment d'allégeance. Agathon Rwasa dénonce une dérive qui va faire du parti au pouvoir, un véritable parti Etat. Depuis plusieurs mois, la communauté internationale multiplie les appels à l'apaisement dans le petit pays des Grands Lacs. L'histoire postcoloniale du Burundi a été marquée par des massacres interethniques et une longue guerre civile (1993-2006) dont le pays continue de se remettre. |