RTBF, 27 avril 2015 Coopération belge : le Burundi, important partenaire aux projets menacés ? Éducation, formation de la police, observation des élections, programme de bonne gouvernance... La coopération belge au développement est très active au Burundi, avec plusieurs dizaines de millions d'euros d'aide publique annuellement dédiés. Mais les différents programmes d'aide pourraient rapidement être suspendus en cas d'escalade de la violence. "Le Burundi est actuellement le deuxième pays partenaire de la coopération belge au développement (derrière la République démocratique du Congo, ndlr) et même le premier par habitant", rappelait un communiqué de la diplomatie belge le 25 avril dernier.
La Belgique est en effet impliquée dans de nombreux projets au Burundi, auxquels elle réserve chaque année 45 millions d'euros d'aide publique au développement. "Le Burundi est, depuis son indépendance en 1962, un pays partenaire de la Belgique", mais les programmes en cours pourraient néanmoins être suspendus si les violences observées ces deux derniers jours venaient à s'intensifier. Une situation déjà rencontrée dans les années 1990, alors que le pays était plongé dans une guerre civile; l'aide avait été interrompue suite à un embargo imposé par la communauté internationale. Professionnalisation de la police et observation des élections Les domaines dans lesquels intervient l'aide belge au développement sont nombreux. On retrouve des programmes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, mais aussi d'aide à la formation professionnelle et technique, d'aménagement des voiries, ou encore d'amélioration du système de santé. La Belgique finance aussi le fonctionnement d'un bureau de l'ONU pour les droits de l'Homme au Burundi. "En cas d’escalade de la violence, ce bureau (...) fait rapport de la situation au Conseil de sécurité et au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU." En mars dernier, le ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo avait encore débloqué 293 000 euros en vue d'organiser l'observation des élections communales, parlementaires et présidentielles de cette année. L'objectif : "contribuer à un processus électoral transparent, pacifique et inclusif". Via 11.11.11 et l'ONG francophone Commission Justice et Paix, il était prévu que deux ONG burundaises déploient 8000 observateurs sur l'ensemble du territoire pour surveiller ces élections. Un projet qui pourrait aujourd'hui être remis en cause. Mais l'un des programmes les plus importants auquel participe la Belgique au Burundi est celui de la professionnalisation de la police locale, qu'elle cofinance avec les Pays-Bas depuis 2010. Nos voisins néerlandais prennent ainsi en charge 2 millions d'euros, tandis que la coopération belge au développement participe à hauteur de 3 millions. Durcir le ton ? Au vu des événements des derniers jours, ce projet est toutefois menacé, au même titre que l'ensemble des programmes actifs. Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, prévenait samedi : la Belgique "se réserve la possibilité de le suspendre si la Police Nationale Burundaise ne respectait pas ses procédures et les droits de l’Homme dans sa gestion des événements". "Notre pays attend de la police burundaise qu’elle s'abstienne de toute violence à l'égard des citoyens et des membres de l'opposition", insistait pour sa part Alexander De Croo, ministre de la Coopération au développement. De nombreux témoignages faisaient dimanche et lundi état de l'utilisation de balles réelles par ladite police face à des manifestants non armés. L'opposant au président Pierre Nkurunziza et défenseur des droits de l'Homme Pierre Claver Mbonimpa a été arrêté ce lundi, tandis que la police burundaise fermait définitivement la RPA, l'une des principales radios indépendantes du pays, en début d'après-midi. Autant d'actes qui ne rencontrent pas les conditions posées par les deux ministres. La diplomatie belge devrait donc plus que probablement durcir le ton en ce début de semaine, d'autant qu'elle doit s'assurer de la sécurité de ses ressortissants, notamment ceux qui participent sur le terrain à ces projets d'aide au développement. T.M. |