@rib News, 27/04/2015 - Source AFP Burundi : arrestation d'un opposant, la principale radio indépendante fermée Une figure de la société civile burundaise, le défenseur des droits de l'Homme Pierre-Claver Mbonimpa, qui a appelé à manifester contre un éventuel troisième mandat du chef de l’État Pierre Nkurunziza, a été arrêté lundi à Bujumbura, a-t-on appris auprès de son avocat et d'un témoin. L'opposition au Burundi qui entend contrer la candidature annoncée du président à un troisième mandat présidentiel, a appelé à de plus grandes manifestations lundi après une journée de violents affrontements avec la police. Vers 14h30, des policiers ont définitivement fermé la Radio Publique Africaine (RPA), principale radio indépendante du pays.
"La radio vient de fermer sur décision des autorités. Il va falloir une nouvelle demande pour la réouverture", a annoncé Gilbert Niyonkuru. La Radio publique africaine (RPA), régulièrement accusée de proximité avec l'opposition par le pouvoir, est la radio la plus écoutée du Burundi. Depuis dimanche, elle ne pouvait déjà plus émettre au-delà de Bujumbura, comme les deux autres principales radios indépendantes du pays, accusées comme elle d'inciter la population "au soulèvement" dans le cadre des manifestations contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. A la mi-journée lundi, l'antenne de la RPA dans le nord du pays, RPA-Ngozi, radio communautaire qui couvre les régions nord du Burundi avait aussi été fermée par le gouverneur et le procureur de la province "sur un mandat qui l'accuse de complicité à la participation à un mouvement insurrectionnel", avait annoncé à l'AFP un de ses responsables, Jean-Bosco Ndayiragige Arrestation d'un opposant Plus tôt dans la journée, le défenseur des droits de l'Homme Pierre-Claver Mbonimpa a été arrêté. Il avait appelé à manifester contre un éventuel mandat de Pierre Nkurunziza à la tête de l'État. Son avocat, Armel Niyongere, a affirmé ne pas avoir officiellement été informé des accusations portées contre son client, mais "pense que c'est lié à son appel à manifester aujourd'hui". Selon des sources concordantes, un mandat d'arrêt a aussi été émis contre Vital Nshimirimana, principal organisateur, au sein de la société civile, de la campagne contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. "Nous appelons les habitants de Bujumbura à venir manifester contre le 3e mandat du président Pierre Nkurunziza en plus grand nombre demain (lundi)", a déclaré devant des journalistes Vital Nshimirimana, président du Forum pour le renforcement de la société civile au Burundi, plate-forme d'ONG. "La campagne contre le 3e mandat appelle également les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l'école et les magasins à fermer toute la journée, en signe de solidarité", a-t-il dit, "pour éviter qu'ils ne soient victimes des policiers burundais qui tirent aveuglement sur la foule". Une journée marquée par des violences Cet appel à manifester intervient après une journée marquée par des violences aux cours desquelles deux manifestants ont été tués par balles à Bujumbura, alors qu'ils protestaient contre la candidature du président à un 3e mandat, ont rapporté des témoins. Des heurts ont éclaté entre manifestants et policiers dans divers quartiers de la capitale au lendemain de la désignation par son parti du président Pierre Nkunruziza comme candidat à la présidentielle du 26 juin. Selon des témoins, un manifestant a été tué dans le quartier de Ngagara et un autre dans celui de Musaga, où la police a fait usage de balles réelles pour disperser les manifestants. "Nous avons appelé à des manifestations pacifiques et c'est bien ce qui se passait, mais la police et les milices du parti au pouvoir ont tiré à balles réelles sur les manifestants", a affirmé Frodebu Leonce Ngendakumana, un dirigeant de l'opposition. Le ministre burundais de l'Intérieur Edouard Nduwimana a condamné ce qu'il a qualifié de "soulèvement à l'appel de certains hommes politiques et responsables de la société civile". A l'approche du congrès formalisant la candidature du président sortant que l'opposition juge inconstitutionnelle, les autorités avaient interdit toute manifestation tandis que l'opposition avait appelé à manifester "pacifiquement" dès dimanche. |