@rib News, 29/04/2015 – Source AFP La seule façon de faire cesser les manifestations au Burundi contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza est que ce dernier renonce à sa candidature, a estimé Pierre Claver Mbonimpa, figure de la société civile en pointe du mouvement. "Il faut que le président annonce qu'il abandonne le 3e mandat" auquel il postule, "la population est déterminée", a déclaré mardi soir à son domicile de Bujumbura M. Mbonimpa, tout juste libéré après avoir été détenu près de 30 heures par les services de renseignements, "c'est la seule solution pour que ce mouvement s'arrête".
Un haut cadre du Service national de renseignement (SNR) avait indiqué qu'il était accusé d'appeler "à l'insurrection". "Ce n'est pas moi qui appelle (à protester), c'est une coalition des organisations (de la société civile), c'est l'ensemble des partis politiques (d'opposition), qui se sont assignés de continuer les manifestations jusqu'à (...) l'abandon par le président de la République d'un 3e mandat", a rétorqué M. Mbonimpa, défenseur des droits de l'Homme renommé au Burundi. La société civile et des partis d'opposition ont appelé à des manifestations destinées à empêcher le président Nkurunziza, élu en 2005 et réélu en 2010 de briguer à un troisième mandat. M. Nkurunziza a été désigné samedi sans surprise par son parti, le Cndd-FDD, pour être son candidat à la présidentielle prévue le 26 juin. Dès dimanche, des heurts entre jeunes et policiers ont éclaté dans plusieurs quartiers de Bujumbura, où la police empêchait les manifestants de descendre se rassembler dans le centre-ville, le gouvernement ayant interdit les manifestations. Les heurts, sporadiques et localisés, se sont poursuivis lundi et mardi, faisant au moins cinq morts depuis dimanche. - 'Arrêté arbitrairement' - Pierre-Claver Mbonimpa a "déploré l'utilisation de la force de la police" mais aussi les violences qui ont fait des blessés parmi les policiers. Les forces de l'ordre "ont lancé des gaz lacrymogènes, ont tiré des balles réelles, il y a des gens qui sont morts, la population manifestant était fâchée, ils ont lancé des pierres, il y a même des policiers qui ont été blessés, c'est très malheureux. Ce n'était pas notre but", a-t-il expliqué. "Notre but était seulement de manifester et de montrer au président de la République combien de gens sont contre ce 3e mandat. Mais malheureusement il y a (...) ces gens qui sont morts; nous le regrettons mais, chaque fois, il y a des victimes s'il y a manifestation", a-t-il souligné. Pierre-Claver Mbonimpa a été arrêté sans mandat lundi matin et emmené au siège du service de renseignements où il a été interrogé avant d'être libéré mardi en milieu d'après-midi. "J'ai été arrêté arbitrairement", a-t-il affirmé après sa libération. Il a dénoncé des brutalités lors de son arrestation, mais a précisé qu'"aucun mal" ne lui avait été fait durant son séjour au SNR. Il a passé néanmoins la journée de lundi debout au soleil, sans manger, sans ses médicaments quotidiens contre le diabète et l'hypertension. Ses conditions se sont améliorées mardi, a-t-il souligné. "Je ne suis pas le seul" à avoir été arrêté, a-t-il rappelé. Le directeur général de la police burundaise, André Ndayambaje, a annoncé mardi que 250 manifestants avaient été appréhendés depuis dimanche. Et Vital Nshimirimana, autre figure de la société civile et principal organisateur de la campagne anti-Nkurunziza, est passé dans la clandestinité après l'émission d'un mandat d'arrêt contre lui. M. Mbonimpa assure lui avoir cessé de compter ses arrestations. "J'ai comparu plus de 15 fois au Parquet j'ai été en prison trois fois", rappelle en souriant le défenseur des droits de l'Homme, remis en liberté sous caution en septembre après quatre mois et demi de détention pour "atteinte à la sûreté de l’État", dans une affaire pour laquelle il est toujours inculpé. "Chaque fois que je fais une déclaration, que je fais une dénonciation, si je fais sortir un rapport accusant quelques autorités, chaque fois je suis interpellé", a-t-il rappelé, "ça ne me fait pas peur". |