@rib News, 29/04/2015 Note de lecture « Une année à Vallorbe » de Perpétue NSHIMIRIMANA, Édition à la carte 2015 « Une année à Vallorbe » est d’abord un journal tenu à l’occasion des activités professionnelles de son auteur. En effet, depuis 2008, l’auteur se rend régulièrement, depuis Lausanne, au Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) à Vallorbe (Suisse) où elle travaille comme Représentante d'œuvre d'entraide lors des auditions de requérants d'asile. La situation géographique du CEP, en retrait par rapport à tout centre urbain, semble être l’alibi tout trouvé pour tenir ce journal. Certes, ce livre est le résultat de toutes les observations de l’auteur durant l’année 2008. Mais au-delà de la dimension anecdotique des faits relatés avec concision et clarté, il s’agit d’une invitation à poser un autre regard, de l’intérieur cette fois-ci, sur la politique suisse de l’intégration en général et de l’asile en particulier.
L’analyse des réactions des populations (suisses et étrangères) à la présence des demandeurs d’asile révèle bien la complexité de la question. En effet, le Centre d’Enregistrement et de procédure de Vallorbe a suscité beaucoup de réactions depuis sa mise en place en 2000 d'abord sous l'appellation Centre d'enregistrement pour requérants d’asile (CERA) devenu CEP depuis 2006. Les habitants du village, les autorités communales, les collaborateurs du centre etc. ont souvent donné leur avis sur cette présence mal acceptée. L’auteur donne à elle-même et à des collègues, l’opportunité d’exprimer le leur. En effet, à travers la banalité des faits du quotidien professionnel, depuis le début du trajet à la gare de Lausanne, jusqu’à l’exercice effectif de son activité proprement dite en tant que Représentante d'œuvre d'entraide lors des auditions de requérants d'asile, l’auteur nous propose, à petites touches, un panorama complet de la politique de l’asile en Suisse, sans tomber dans les travers d’un juridisme pesant ou d’une étude socio-politique qui perdrait vraisemblablement le lecteur. Ses observations et réflexions personnelles couplées à celles de ses collègues et autres professionnels qui gravitent autour de l’administration chargée de traiter les demandes d’asile, nous permettent de nous plonger de façon extrêmement légère, dans un sujet ô combien délicat. Mais surtout, de façon complètement dépassionnée. L’auteur réussit ainsi le tour de force de débarrasser ses observations et réflexions de ce halo de crainte et de peur de l’étranger qui entoure généralement le débat sur la question et dont sont friands certains media et hommes politiques en mal de sujet à sensation ou de vecteur de peur. Enfin la galerie des personnages, acteurs de près ou de loin de la procédure d’asile, vaut le détour. Ils nous permettent, à travers leurs actes et leurs paroles non seulement de saisir la complexité de la question, mais aussi de découvrir des parcours de vie, chaque fois enrichis par l’exposition aux rudesses et autres joyeusetés des contraintes de l’intégration. ©BRJ/Roy Rogers Note sur l’auteur : Perpétue NSHIMIRIMANA est née à Bujumbura, au Burundi le 11 février 1961. Après l'école secondaire au Lycée Clarté Notre-Dame de Bujumbura, elle a fait des études de journalisme en Algérie de 1980 à 1984 à l'Institut National des Sciences de l'Information et de la Communication. Munie d'une licence elle a travaillé à la Radio Télévision Nationale du Burundi de 1985 à 1993. Elle a été membre de la Commission Nationale du Burundi pour T'UNESCO, membre du Conseil National de la Communication, membre de la Commission Constitutionnelle (1991-1992), membre de la Commission Électorale Nationale (1993). En 1993, elle a été nommée Ambassadeur Représentant Permanent du Burundi auprès des Nations Unies et des autres Organisations Internationales à Genève poste occupé jusqu'en 1995. Elle travaille actuellement pour l'Entraide Protestante Suisse (EPER) comme observatrice neutre lors des auditions des requérante d'asile en Suisse. Elle a été membre de la Commission Tripartite pour l'Intégration des Immigrés (CTI) à Lausanne. Lauréate du prix « Femme exilée femme engagée » en 2005, elle est active dans plusieurs associations : HOZA (Femmes et Solidarité pour les Orphelins elles Victimes de la violence au Burundi), le Centre Ubuntu, KAZE (Groupe culturel des femmes burundaises en Suisse). Elle a été active au Forum des Etrangères et Etrangers de Lausanne (FEEL) Bertrand Roger JIOGUE Représentant d'œuvre d'Entraide Docteur en droit (Université de Lausanne) |