RFI, 04-05-2015 Burundi : accalmie à Bujumbura «La candidature du chef de l'Etat burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat est contraire à la Constitution du pays», affirme le secrétaire d'Etat américain John Kerry, alors que la situation à Bujumbura a de nouveau dérapé ce lundi 4 mai, après une trêve durant le week-end et une matinée de manifestation pacifique. Les manifestants ont fait face à des policiers armés, trois d'entre eux ont été tués par balle par la police. On compte également une quarantaine de blessés. Le calme est revenu ce soir à Bujumbura. En début de soirée, les policiers et les manifestants étaient encore en train de s’observer, mais à une distance de plusieurs centaines de mètres.
À partir de 8h ce matin, après la trêve, des jeunes ont repris les manifestations dans plusieurs quartiers de la ville, érigeant des barricades. Ils ont commencé à marcher à l’intérieur du quartier de Musaga, ainsi que dans celui voisin de Kanyiosha, par groupes de deux cents. Ces groupes ont fini par faire jonction aux environs de la nationale 3. Ils se sont retrouvés face à un barrage de la police, ils étaient environ 600, avec une vingtaine de policiers de l’autre côté, mais il n’y a pas eu de confrontation à ce moment-là. Puis les jeunes sont montés à l’intérieur du quartier et se sont retrouvés de l’autre côté, où il y avait un autre barrage de la police. Ils avaient marché comme cela, d’une entrée à une autre, toute la matinée, et les jeunes se sont retrouvés à moins d’un mètre des policiers, à leur demander de pouvoir passer pour rejoindre le centre-ville, qui est toujours leur objectif, et notamment le siège de la RPA, la radio publique africaine, qui est la radio la plus populaire au Burundi mais qui a été fermée par les autorités qui l’accusent d’avoir incité au soulèvement. On ne sait pas très bien comment la confrontation a commencé, car étudiants et policiers étaient en face à face, très proches, lorsque soudain on a vu les jeunes fuir et les policiers tirer des gaz lacrymogènes. Difficile de dire qui a provoqué l’autre, mais les affrontements ont commencé à la mi-journée, et ont duré deux heures. Des affrontements avec jets de pierres, du côté des manifestants, et jets de grenades lacrymogènes et tirs à balles réelles du côté des policiers. RFI a pu constater la présence de blessés qui sont décédés par la suite de leurs blessures. Dans le quartier de Musaga, il n’y a pas de personnel médical, à l’exception de la Croix-Rouge burundaise qui circule de temps en temps. Autre événement marquant de la journée, une grenade a explosé dans Musaga lors des affrontements. Selon le porte-parole du ministère de la Sécurité publique, cette grenade émanait des manifestants. Il y a quinze blessés du côté des policiers, dont des blessés graves, comme plusieurs journalistes internationaux ont pu le constater. Ce soir, les deux côtés sont fatigués. |