RFI, 18-05-2015 Burundi : reprise des manifestations et pacifisme affiché Alors que plusieurs officiels ont comparé ouvertement ou à mot couvert les manifestants à des putschistes ou des shebabs, lundi des militaires lourdement armés ont remplacé les policiers dans les quartiers. Lance-roquettes, fusils mitrailleurs, fusils de sniper… Un arsenal de guerre. A Nyakabiga, l'un des foyers de la contestation, quelques centaines de jeunes ont tout de même manifesté, défilant dans le quartier avec d'abord beaucoup d'appréhension.
Plusieurs rafales de tirs, mais pas d'assaut sur les manifestants qui se rassemblent et commencent à défiler. « Lorsque vous [les journalistes, ndlr] venez, ils craignent, commente un manifestant. Lorsque vous êtes loin, ils tirent directement. Même eux ils nous disent ça. » La question fait débat dans le cortège. « Tout à l’heure, sur la route principale, les soldats nous ont tirés dessus, affirme ce manifestant. Nous sommes vraiment très fâchés. » « On a voulu effrayer la population pour qu’elle renonce à combattre le troisième mandat », indique cet autre. Les militaires tirent en l’air. Les manifestants s'assoient presque immédiatement, lèvent les mains en l'air. Quasiment aucun mouvement de panique, même si les militaires continuent leurs tirs de sommations. « On doit continuer ces manifestations, même s’ils essaient de nous décourager ! Assure un homme. Nous allons continuer jusqu’au bout. On doit combattre pour la liberté, pour la démocratie. » D'un coup, 200 jeunes se relèvent, toujours les mains en l'air, ils avancent vers un barrage de militaires. Ils restent devant eux, toujours les mains levées, paumes ouvertes, en chantant l'hymne national. |