Le Parisien, 24 mai 2015 La situation au Burundi reste chaotique ce dimanche. Alors que des pourparlers semblaient s'amorcer entre les partisans et les opposants du président Nkurunziza, l'assassinat par balles du représentant de l'Union pour la paix et la démocratie (UPD) a relancé les tensions. Le dialogue est «suspendu» jusqu'à nouvel ordre. Onze jours après une tentative de coup d'Etat avortée, la situation du Burundi, ce petit pays situé au sud du Rwanda (Afrique), est toujours extrêmement confuse ce dimanche.
Un dialogue avait fini par s'installer entre les partisans et les opposants du président Pierre Nkurunziza mais l'assassinat d'une figure de la rébellion a une nouvelle fois stoppé toute avancée. Zedi Feruzi, président de l'Union pour la paix et la démocratie (UPD), a été abattu samedi par balles avec son garde du corps devant son domicile de la capitale Bujumbura. La présidence dément être impliquée. Avec son mouvement et d'autres collectifs, Zedi Feruzi se battait pour que Pierre Nkurunziza ne puisse pas se présenter une troisième fois à la présidence. Le 13 mai, l'ancien chef du service de renseignements, le général Godefroid Nyombare, avait annoncé la destitution de son ancien ami alors que ce dernier était en déplacement à Dar es Salaam (Tanzanie). La présidence avait immédiatement démenti le coup d'Etat mais, depuis, les deux camps ne cessent d'assurer leur prédominance sur l'autre. «Un acte ignoble» Ce dimanche, les leaders du mouvement de la contestation contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza ont annoncé «suspendre» le dialogue initié ces derniers jours avec le gouvernement. Dénonçant «un acte ignoble», cette «Coordination» s'est dite «consternée» et a «condamné avec la dernière énergie» l'assassinat de Zedi Feruzi. Selon un journaliste burundais qui discutait avec le président de l'Union pour la paix et la démocratie avant l'attaque, les tueurs portaient «des tenues policières de la garde présidentielle». Blessé, ce journaliste assure désormais se cacher par peur lui aussi «d'être tué». La présidence a démenti ses accusations. Elle s'est dite «choquée», demandant «que la lumière soit faite de façon urgente afin que les coupables soient traduits devant la justice». «On ne dialoguera pas dans le sang» Dans le camp des opposants, on ne croit guère à la bonne volonté de la présidence. «Cet acte ignoble intervient quelques jours seulement après des informations parvenues aux responsables de la campagne qui faisaient état d'un plan d'élimination physique de certains de ses leaders ainsi que de l'exposition publique de leurs corps pour faire peur aux manifestants», dénoncent les leaders du mouvement anti-Nkurunziza. Dans un communiqué, la Coordination rappelle «ses conditions préalables avant tout dialogue de fond» : «Le respect de la liberté constitutionnelle de manifester, la libération de tous les manifestants encore en prison, la levée des mandats d'arrêt contre les leaders du mouvement, la réouverture des média et l'exclusion de toute solution aboutissant au troisième mandat de Pierre Nkurunziza». Et d'insister : «On ne dialoguera pas dans le sang et sous la menace de mort!» La Coordination appelle de nouveau à manifester lundi matin, «avec plus de vigueur». Elle demande également aux manifestants de «rester vigilants sur la sécurité de leurs quartiers tout en gardant la ligne de la non-violence». En attendant, plusieurs responsables de la contestation sont passés dans la clandestiné, craignant d'être arrêtés ou affirmant être la cible de menaces de mort. Plusieurs manifestants sont déjà morts, tout comme des militaires pro-Nkurunziza. |