@rib News, 05/06/2015 – Source AFP Un député burundais membre du parti au pouvoir, parti se réfugier au Rwanda, a dénoncé vendredi une "tricherie" en préparation pour remplacer deux membres de la commission électorale nationale (Céni) elles-mêmes en fuite et permettre la réélection du président Pierre Nkurunziza. "J’ai pris le large parce que je n’ai pas voulu cautionner une mascarade, une tricherie qui pointe à l'horizon. Une tricherie qu’on est en train de préparer (pour) remplacer les deux (commissaires) qui sont parties", a déclaré Aimé Nkurunziza (photo) depuis Kigali, où il a trouvé refuge temporairement avec sa famille.
Deux membres de la Céni ont fui le pays ces derniers jours, alors que le Burundi est plongé dans une grave crise politique avec des manifestations quasi-quotidiennes pour contester la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. La Céni compte cinq commissaires au total, et ne peut pas rendre d'arrêtés à trois. Il faut donc trouver des remplaçants aux commissaires démissionnaires. La procédure prévoit qu'ils soient désignés par le président burundais, et validés par les trois-quarts de l'Assemblée nationale et du Sénat. Or Aimé Nkurunziza craint que la présidence burundaise n’essaie de passer en force, en désignant des commissaires proches du pouvoir et de forcer des députés à les avaliser contre leur "propre conscience", dans le but ensuite de "valider les résultats des élections" et de permettre la réélection de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat qu'il juge "illégal". "Ce qui se trame est louche et peut avoir des conséquences néfastes et graves pour l’avenir" du Burundi, estime encore le député, appelant ses collègues à "prendre (leur) courage en main" et à agir selon leur "propre conscience". Sous la pression internationale, la présidence burundaise a reporté jeudi sine die les élections législatives et communales qui devaient normalement débuter vendredi et ouvrir les élections générales burundaises avant la présidentielle et des sénatoriales. Début mai, le vice-président de la Cour constitutionnelle, Sylvère Nimpagaritse, avait fui le pays juste avant que la Cour ne valide la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat. M. Nimpagaritse avait dénoncé des "pressions" exercées sur la Cour afin qu’elle valide cette candidature. De nombreux membres de l'opposition burundaise, des journalistes et des membres de la société civile ont fui au Rwanda en se disant victimes d'intimidation ou confrontés à un climat pré-électoral délétère. |