PANA, 30 juin 2015

Bujumbura, Burundi - Le Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) est largement en tête des résultats provisoires des élections communales et législatives de lundi au Burundi, selon le décompte des reporters de la radio nationale.

"Normal", dirait-on si l'on sait que le double scrutin a été boycotté par l'opposition et la société civile, en protestation contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat à la tête du pays.

Le CNDD-FDD fait donc cavalier seul, mais on note un nombre élevé de votes nuls. Une des explications pourrait résider dans le fait que les électeurs, surtout d’un certain âge, ont eu du mal à assimiler les consignes d’usage du bulletin de vote unique qui est d’introduction récente dans les pratiques électorales au Burundi.

Le bulletin unique comportait les noms et photos de candidats de 19 partis politiques, de coalitions et d’indépendants avec des cases correspondantes dans lesquelles il fallait apposer, sans déborder, son empreinte digitale pour ne pas risquer l’annulation de son vote.

L’électorat burundais est en majorité du monde rural et analphabète, ce qui pourrait avoir encore joué un mauvais tour aux citoyens dont les bulletins ont été déclarés nuls, de l’avis des commentateurs à Bujumbura.

L’autre enseignement à tirer des scrutins de lundi est que la coalition de l’ancien leader rebelle et actuel chef de file de l’opposition, Agathon Rwasa, est en train de réaliser des scores surprenants dans le décompte encore partiel des voix.
La coalition Espoir des Burundais avait pourtant appelé les militants et sympathisants au boycott des élections.

Le Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD, opposition radicale) a également grappillé quelques voix alors qu’il s’inscrivait aussi dans la logique du boycott des élections.

Une aile minoritaire dissidente de l’Unité pour le progrès national (Uprona, ex-parti unique) a aussi gagné quelques voix dans certains de ses anciens fiefs.

La Commission nationale électorale indépendante (Ceni) se donne deux à trois jours pour finaliser le dépouillement et publier les résultats du double scrutin dont l’organisation non concertée entre le pouvoir et l’opposition a été désapprouvée par l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), les Nations unies et les États-Unis d’Amérique.