RFI, 10-07-2015 Il y a trois jours, la Céni proclamait les résultats provisoires des législatives très contestées du 29 juin, 77 au parti au pouvoir et deux autres à un parti allié, alors que 21 siège étaient attribués à une coalition d'opposition, qui avait pourtant boycotté ce scrutin. Mais cette répartition ne répond pas aux équilibres ethniques et de genre prévus par la Constitution. Dans un tel cas, cette dernière prévoit que la Céni coopte des députés sur les listes ayant plus 5% des voix, jusqu'à ce que ces équilibres soient respectés. Elle avait donc convoqués les deux listes qui répondaient à cette exigence jeudi 9 juillet, pour y pourvoir. [Photo : Les cinq membres de la CENI]
Sans surprise, la coalition d’opposition des Indépendants de l’Espoir placée deuxième aux élections législatives par la Céni a boycotté la séance de cooptation jeudi matin. La Commission électorale a donc dû faire contre mauvaise fortune bon cœur, en procédant à l’exercice avec le parti au pouvoir, le CNDD-FDD. « C’était une réunion de concertation à laquelle participe qui veut », justifie le porte-parole de la Céni, Prosper Ntahorwamiye. Ils ont donc choisi équitablement sur les listes du parti présidentiel et de la coalition d’opposition conduite par Agathon Rwasa et Charles Nditije, 18 femmes donc 15 Tutsis et 3 Hutus, histoire de rétablir les équilibres ethniques et de genre prévus par la Constitution, qui exige que l’Assemblée soit composée à 60% de Hutus, à 40% de Tutsis et qu’au moins 30% des députés soient des femmes. La Céni a également coopté 3 représentants de l’ethnie twa. Là aussi un chiffre prévu par ce même texte. Réaction outrée de la coalition des Indépendants de l’Espoir : « à la Céni le ridicule ne tue pas », dit-on. Charles Nditije dénonce un « viol politique ». « Nous refusons absolument de leur servir de conscience démocratique » a-t-il martelé. La Céni du Burundi persiste et signe, son porte-parole assure qu’ils avaient le droit de le faire, d’autant qu’ils n’ont jamais reçu une requête explicite de leur retrait. Et si les grands ténors de l’opposition ont déjà annoncé leur intention de ne pas siéger à la nouvelle Assemblée nationale, le pouvoir burundais serait en train de tout faire pour pousser les suivants sur leur liste à occuper les sièges vacants histoire de donner une image de pluralité. ■ Vers un nouveau report de la présidentielle ? Prochain scrutin à venir au Burundi, la présidentielle avec la candidature du président Nkurunziza pour un troisième mandat contesté. A Dar es-Salaam, les dirigeants d'Afrique de l'Est avaient demandé, en début de semaine, un report de l'élection présidentielle au Burundi, du 15 juillet au 30 juillet afin de permettre au nouveau facilitateur de rencontrer chaque acteur de la crise. Le gouvernement prend acte de cette proposition et envisage « un glissement de la date de l'élection présidentielle ». « Pour ce qui est du report, les services techniques s’en occupent. », déclare Albert Shingiro, Ambassadeur du Burundi aux Nations unies. |