PANA, 05 septembre 2015 Une autorité judiciaire échappe par miracle à une tentative d’assassinat au Burundi Bujumbura, Burundi - Le procureur de la république à Ruyigi, une province du Sud-Est du pays, Isaac Nsabuwanka, est sorti indemne d’une tentative d’assassinat dans la nuit de vendredi à samedi, malgré un feu nourri et des jets de grenades ciblant son véhicule au moment où il regagnait son domicile, a rapporté le correspondant local de la radio nationale (gouvernementale). Au moins quatre individus déguisés en tenue militaire ont participé à la tentative d’assassinat, selon la même source.
Un policier chargé de la garde rapprochée a eu moins de chance à cause des éclats de grenade qui l’ont grièvement blessé aux bras et sérieusement endommagé le véhicule du procureur, selon toujours la radio nationale du Burundi. Des attaques qui ciblent des personnalités de divers horizons sont devenues plutôt fréquentes à Bujumbura, capitale politico-économique du pays, sur fond d’un contentieux électoral mal résolu qui dure depuis bientôt quatre mois au Burundi. Le phénomène d’assassinat ciblé a pris des proportions inquiétantes au début du mois d’août, à la suite d’une attaque à la roquette par des individus non identifiés qui a coûté la vie à un général de l’armée, Adolphe Nshimirimana, en plein jour à Bujumbura. Un colonel à la retraire et ancien chef d’état-major de l’armée a été ensuite éliminé physiquement, à la mi-août, toujours par des individus inconnus à ce jour, malgré l’ouverture d’une enquête judiciaire qui piétine aujourd’hui encore dans les deux cas. Un regain d’insécurité à une plus grande échelle, surtout dans les quartiers de Bujumbura qui constituaient le bastion du mouvement de contestation du troisième mandat du chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, à la tête du pays, est observé avec inquiétude dans l’opinion des plus pacifistes depuis mardi dernier. Au moins quatre personnes ont perdu la vie dans des accrochages nocturnes entre les éléments de la police nationale et des groupes d’individus dans plusieurs quartiers contestataires de Bujumbura depuis mardi dernier. Une cinquantaine de jeunes qui avaient fait l’objet de rafles policières, ont été par la suite relâchés faute de preuves suffisantes à charge de leur implication dans les violences de vendredi à Bujumbura. Des organisations de défense des droits humains et des prisonniers parlent encore de plus de 600 personnes détenues à cause de leur participation au mouvement de contestation du mandat présidentiel dont certains se plaignent de mauvais traitements dans les différents cachots du pays, malgré les démentis officiels. Le nouveau gouvernement issu des urnes s’est engagé vendredi à ramener la paix et la sécurité en trois semaines, surtout dans la capitale et partout à l’intérieur du pays où cela s’imposera, en recourant notamment à des opérations policières plus intenses et musclées de fouille-perquisition chez les détenteurs illégaux d’armes de guerre qui sont supposés alimenter l’insécurité ambiante au Burundi. Aucun engagement officiel clair n’a encore été pris par le gouvernement sur la recommandation de la communauté internationale qui est au chevet du Burundi pour une reprise rapide du dialogue entre tous les protagonistes de la crise qui perdure et fait craindre une rechute du pays dans une nouvelle guerre civile semblable à celle de 1993 à 2003 et qui a fait plus de 300.000 morts, essentiellement des civils et envoyé en exil un million d’autres. L’exil à l’extérieur du pays est déjà une réalité pour près de 200.000 Burundais actuellement recensés chez les voisins du Rwanda, de la Tanzanie et dans une moindre mesure en république démocratique du Congo après avoir fui les tensions préélectorales de ces derniers mois. |