PANA, 29 octobre 2015 Vive réaction du CNDD-FDD face aux fortes pressions internationales sur les protagonistes de la crise au Burundi Bujumbura, Burundi - Le Conseil national pour la défense de la démocratie/fForces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, parti au pouvoir) a vivement réagi, jeudi, dans un communiqué, aux récentes prises de position de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE) qui n’excluent pas d’administrer des sanctions diplomatiques et financières aux acteurs étatiques et de l’opposition pour leur rôle avéré dans la persistance d’une crise électorale sanglante depuis plus de six mois et qui est encore porteuse de risques d’embrasement pour toute la région des Grands Lacs.
Dans le cas de l’organisation continentale, le CNDD-FDD est particulièrement irrité par le communiqué sans complaisance du 17 octobre dernier émanant du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur la situation de crise au Burundi. Le communiqué de l’UA s’est préoccupé particulièrement de la multiplication des atteintes aux droits de l’Homme, y compris des assassinats, des exécutions extrajudiciaires, des atteintes à l’intégrité physique des personnes, des actes de tortures et d’autres traitements cruels, inhumains et/ou dégradants, des arrestations arbitraires et détentions illégales, des atteintes à la liberté de la presse et à la liberté d’expression, ainsi que la prévalence de l’impunité et l’aggravation continue de la situation humanitaire marquée par l’augmentation du nombre de réfugiés burundais qui s’élèvent aujourd’hui à près de 200.000 dans les pays voisins. Le communiqué a menacé, en conséquence, les auteurs de tels actes de poursuites judiciaires devant les tribunaux internationaux, ainsi que d’autres mesures conservatoires, comme le gel de leurs avoirs bancaires et la restriction des mouvements de ceux qui violent et abusent des droits humains au Burundi. Le Conseil national pour le respect de l’Accord d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie, sur la paix et la réconciliation nationale et la restauration de l’Etat de droit (CNARED, principale coalition de l’opposition) avait applaudi des deux mains, la ferme prise de position de l’UA malgré des mandats d’arrêts internationaux qui pèsent déjà sur eux de la part du pouvoir en place au Burundi. Dans son 38ème communiqué sur la crise au Burundi, le CNDD-FDD se dit plutôt, «désagréablement surpris» par une telle prise de position de l’UA contre un pays «à peine sorti des élections réalisées dans le calme absolu et dans la sagesse qui ne s’observe nulle part au monde». Les élections générales de cette année n’ont toutefois pas vu la participation de l’opposition, ni reçu la caution de la communauté internationale à cause de leur organisation dans des conditions qui ne respectaient pas les standards internationalement admis d’équité, de transparence et d’inclusion. Le parti au pouvoir s’explique encore difficilement comment le peuple burundais peut être «agressé» par une organisation, de surcroît panafricaine, «en lui intimant l’ordre de renoncer à sa souveraineté et d’oublier les résultats des élections de 2015 pour aller de force dialoguer avec des putschistes à Kampala, en Ouganda». Le Conseil de paix et de sécurité insistait encore, dans son communiqué du 17 octobre dernier, sur la nécessité pour le pouvoir burundais d’accepter de dialoguer avec tous les acteurs politiques nationaux, y compris ceux qui se trouvent en exil à l’étranger par peur de poursuites judiciaires pour leur rôle présumé dans les manifestations parfois violentes des «anti-troisième mandat présidentiel» et leur récupération par des généraux de l’Armée et de la Police à travers une tentative de putsch manqué, au mois de mai dernier. Le front diplomatique s’est encore élargi, le 27 octobre dernier, par un entretien téléphonique entre le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon et la présidente de la Commission de l’UA, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, sur la situation au Burundi, la félicitant, notamment de la décision prise, le 17 octobre, par son organisation. Parmi les mesures de l’UA que soutiennent en particulier les Nations unies figurent le lancement rapide d’une enquête sur les violations des droits de l’Homme au Burundi, la mise en place de sanctions ciblées contre ceux qui contribuent à la montée continue de la violence ou encore le déploiement d’une mission militaire africaine prête à se déployer au Burundi pour éviter des violences généralisées. Le Secrétaire général a assuré à la fin à la présidente de la Commission de l’UA que l’ONU était prête à fournir toute l’assistance nécessaire pour la mise en œuvre des mesures adoptées par les membres du Conseil de paix et de sécurité. Dans le nouveau communiqué, le CNDD-FDD s’indigne également de la démarche de l’Union européenne (UE) qui, elle, a déjà décidé de geler certains appuis financiers au développement du Burundi à cause de l’absence d’une volonté manifeste de dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition sur les voies et moyens de résorber le conflit électoral mal résolu et qui fait perdurer une insécurité inquiétante dans le pays et la sous-région. De l’avis du CNDD-FDD, «l’UE n’a pas seulement coupé les appuis budgétaires au Burundi, elle les a plutôt déplacés vers les réfugiés burundais se trouvant au Rwanda et ailleurs ». De ce fait, le parti au pouvoir trouve que l’UE a fait son choix et a décidé de « créer un autre gouvernement burundais en dehors des frontières du pays qu’elle appuie de toutes ses forces, sur le dos du gouvernement légitime». Le CNDD-FDD apporte une nuance sur le « véritable conflit qui réside entre le peuple burundais et son ancienne puissance colonisatrice, à savoir la Belgique», tandis que l’UE ne fait que «soutenir et influencer l’UA grâce aux financements qu’elle lui accorde». Le CNDD-FDD soutient que, dans tous les cas, « c’est là une preuve que le néocolonialisme écrasant et étouffant est en marche contre le peuple burundais», lit-on, dans le communiqué du parti au pouvoir. Par ailleurs, « le dialogue que ces forces destructrices veulent transporter à Kampala, en Ouganda, n’est autre chose que le refus au peuple burundais à l’exercice de son droit le plus légitime de se choisir librement ses institutions». Cela veut dire encore pour le CNDD-FDD que «le pays est dans une lutte de décolonisation, rien de plus». Le communiqué réserve à la fin des mots encore plus durs à l’ancienne puissance tutrice du Burundi et invite le peuple burundais à «se serrer les coudes pour accéder à la véritable indépendance car, le colonisateur d’hier veut revenir en force pour l’annuler ou la détruire ». Par ailleurs, « n’eût été la force nuisible extérieure venant de certains milieux politico colonisateurs belges, les Burundais devraient vivre dans la paix et la stabilité ». De l’avis toujours du CNDD-FDD, « aujourd’hui plus que jamais, l’ancienne puissance colonisatrice cherche à en finir avec les velléités d’indépendance et de démocratie, car elle n’entend pas lâcher la ville de Bujumbura et le pays tout entier ». La ville de Bujumbura, qui est évoquée ici, est avant tout la capitale politique et économique du pays dont l’un de ses principaux attraits connus pour les étrangers se trouve être le poisson et les eaux douces du lac Tanganyika, le second plus profond au monde après le lac Baical de la Russie. Du côté de l’opinion publique à Bujumbura, l’on assiste particulièrement inquiet par ces empoignes entre un pays qui dépend pour plus de 50% des aides extérieures, surtout à l’idée que l’UE figure en tête des bailleurs traditionnels potentiels d’un pays qui a été appauvri davantage, par la crise de ces derniers mois, à l’issue toujours incertaine. Le classement 2015 du Fonds monétaire international (FMI) en dit long quand il place le Burundi en première position des pays les plus pauvres au monde, avec un Produit intérieur brut (PIB) par tête d’habitant de 315,2 dollars. Le poursuivant immédiat est la République centrafricaine, un autre pays du continent politiquement instable, avec aujourd’hui un PIB de l’ordre de 338,7 dollars US. |