RTBF, 16 décembre 2015 Burundi : Maggy Barankitse implore l'ONU, Reynders conseille aux Belges de quitter le pays Le pays est en proie à une profonde crise politique. L'opposition s'oppose toujours au troisième mandat présidentiel voulu par le président Pierre Nkurunziza. Pour l'opposition, c'est contraire à la Constitution. Depuis deux mois, le climat de violence dans le pays s'est encore aggravé. Ce mercredi matin, c'est le cri d'une femme qui retentit, celle qu'on surnomme la maman nationale au Burundi. Avec son association, Maggy Barankitse a sauvé pas moins de 20 000 enfants depuis 1993, année du début de la guerre civile au Burundi. Aujourd'hui elle ne veut pas revivre les mêmes événements.
Pour Maggy Barankitse, il y a encore un espoir d'éviter la guerre : "On peut l’éviter si, aujourd’hui-même, à l’heure où je vous parle, il y avait une décision – des Nations-Unies d’envoyer des militaires pour protéger le peuple burundais. Il y aurait moyen, dans l’urgence, si l’ONU faisait une proposition concrète d’envoyer d’urgence le maintien de la paix. C’est ce que j’attends, et qu’ils n’attendent pas la semaine prochaine. Il y a moyen de créer des corridors humanitaires pour protéger les quartiers contestataires pour avoir accès aux soins de santé, à la nutrition aussi". Voir cette interview sur RTBF "Propos hostiles à la Belgique" Jusqu'à présent, les Affaires étrangères déconseillaient aux ressortissants belges "dont la présence n'est pas essentielle de quitter le pays tant que les conditions normales le permettent", en raison notamment de "propos hostiles à la Belgique et des menaces (proférées) à l'encontre des ressortissants belges". Dans un avis publié par l'ambassade de Belgique à Bujumbura, "il a été demandé aux familles des agents expatriés ainsi qu'aux agents non essentiels de l'ambassade de Belgique à Bujumbura, de quitter le Burundi". Depuis vendredi, l'ambassade de Belgique conseille aux Belges résidant au Burundi de rester chez eux en raison des tensions qui agitent le pays, en proie aux pires violences depuis un coup d'Etat manqué en mai. Près de 90 personnes - mais bien davantage, jusqu'à 200, selon des sources officieuses - ont été tuées vendredi pendant et après des attaques coordonnées contre trois camps militaires au Burundi, selon un bilan de l'armée faisant état du décès de 79 "ennemis" et de huit soldats et policiers. Ces violences sont les pires enregistrées au Burundi depuis un coup d'Etat manqué en mai, déclenché par la candidature controversée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, qu'il a obtenu à l'élection qui a suivi en juillet. Selon Didier Reynders, la Belgique s'aligne, en demandant à ses ressortissants de quitter le Burundi, sur les Etats-Unis, qui ont adressé dimanche un appel à leurs concitoyens. Réciprocité Le ministre des Affaires étrangères a assuré que son département et celui de la Défense suivaient de près la situation et sont prêts à prendre les "mesures nécessaires". Actuellement, quelque 400 Belges résident encore au Burundi et 500 ressortissants d'une autre nationalité sont placés sous la responsabilité de la Belgique en vertu d'accords de réciprocité. La Belgique a renforcé depuis plusieurs mois le détachement d'agents de sécurité (DAS) - des militaires chargés de la protection de l'ambassade de Belgique et de son personnel ainsi que de la tenue à jour des plans d'évacuation. Didier Reynders, qui a eu mardi un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a par ailleurs renouvelé son appel à une reprise du dialogue entre le pouvoir burundais et l'opposition, sous l'égide de la médiation du président ougandais Yoweri Museveni, que préconise l'ensemble de la communauté internationale. |