PANA, 11 avril 2016 Bujumbura, Burundi - La Commission nationale du dialogue inter-burundais (Cndi) a annoncé, lundi, le lancement officiel d’un débat ouvert aux représentants des partis politiques et de la Société civile pour mercredi, cette fois à Bujumbura (photo), la capitale et épicentre de la crise persistante depuis près d'un an dans le pays. La commission avait inauguré, en grande pompe, le débat intérieur par le Burundi profond qui est resté globalement en dehors des chicanes politiques nées, en avril 2015, d’un troisième quinquennat, particulièrement combattu à Bujumbura, de l’actuel chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza.
La révision de l’actuelle constitution nationale et la mise au rencart de l’accord d’août 2000 àArusha, en Tanzanie, sur la paix et la réconciliation sont les deux principales recommandations qui sont sorties des débats déjà organisés en province et qui n’ont pas donné lieu à des idées réellement contradictoires, de l’avis général des analystes politiques à Bujumbura. Les deux textes étaient entrés en contradiction quand il s’est agi d’apporter une réponse au troisième mandat présidentiel formellement interdit par l’accord d’Arusha, pendant que la loi fondamentale du pays se prêtait à diverses interprétations sur la même question. Dans la capitale, les débats du dialogue national ne promettent pas non plus d’être particulièrement animés à cause du départ en exil des principaux ténors de l’opposition et de la société civile par peur pour leur sécurité. Un dialogue national qui ne répond pas non plus totalement aux attentes de la Communauté internationale au chevet du Burundi dont l’exigence porte plutôt sur des pourparlers de paix en bonne et due forme entre les vrais acteurs de la crise, sous une médiation étrangère neutre et à l’extérieur du pays pour rassurer tout le monde. La sous-région a décidé dernièrement d’adjoindre l’ancien président tanzanien, William Benjamin M’Kapa, aux efforts de l’actuel chef de l’Etat ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, pour impulser un élan nouveau au processus inter burundais de paix encore à l’état de projet. Un silence gêné s’observe du côté de la nouvelle médiation renforcée face aux exigences de fond et de forme encore tranchées entre les principaux protagonistes de la crise burundaises. Pour le pouvoir, le dialogue est déjà effectif mais ne concerne que l’opposition « pacifique » pour ne s’être pas compromise dans l’insurrection contre le troisième mandat présidentiel et la tentative de putsch manqué du mois de mai dernier. Le Conseil national pour la défense de l’accord d’Arusha et la restauration de l’Etat de droit (Cnared, principale plate-forme de l’opposition) maintient, de son côté, qu’un vrai dialogue n’a de sens que s’il se déroule entre les vrais protagonistes de la crise. Le dialogue de sourds entre les différents acteurs politiques burundais a déjà coûté cher au pays, avec la mort de près de 500 personnes et le départ en exil forcé de quelque 250.000 autres citoyens depuis le début de la crise, déplore-t-on dans les milieux des défenseurs desdroits humains à Bujumbura. |