PANA, 13 avril 2016 Bujumbura, Burundi - L’une des ambitieuses résolutions du gouvernement burundais face à la démographie galopante, en même temps frein du développement socio-économique, consistera à ramener la moyenne actuelle de six enfants par femme, à trois, d'ici à 2025, dans un pays réputé pour la "mentalité nataliste" des citoyens, apprend-on de source officielle à Bujumbura.
Cet engagement ressort d’une évaluation faite, mercredi, par les différentes parties prenantes à la politique démographique nationale qui avait été lancée solennellement en 2011 et dont les premiers résultats se font toujours attendre. Depuis 2008, déjà, des mesures timides avaient été annoncées pour faire baisser sensiblement la fécondité et porter, en même temps, l’espérance de vie à la naissance de 49 à 60 ans à l’horizon 2025. Entre-temps, la proclamation de la gratuité des soins maternels et infantiles par le gouvernement a été vécue par les masses populaires comme une "prime à la fécondité", relève-t-on dans les milieux des démographes à Bujumbura. A l’atelier d’évaluation de l’état d’avancement de la politique démographique nationale en cours depuis 2011, le deuxième vice-président de la République, en charge des questions sociales et économiques, Joseph Butore, a donné des assurances d’un nouvel an qui passera, notamment, par l’investissement dans la jeunesse pour contenir la démographie dans des proportions gérables. La nouvelle stratégie gouvernementale sera surtout axée sur une plus grande sensibilisation des plus jeunes en matière de planification familiale et d’amélioration des services de santé de la reproduction adaptés aux adolescents et aux moins âgés. La croissance démographique non maîtrisée, dans un pays de moins de 30.000 kilomètres carrés, pour une population de plus de 11 millions d’habitants, a été présentée par le haut responsable gouvernemental comme la grande source de pression sur les maigres ressources naturelles et financières et sur le niveau des infrastructures socio-économiques nationales. A titre indicatif, le vice-président burundais a fait savoir qu’avec une densité moyenne de 367 habitants au kilomètre carré, l’une des plus fortes du continent africain, la taille moyenne des exploitations agricoles par ménage est passée de 1,04 à 0,5 hectares au cours de ces 40 dernières années. Les effets néfastes de la démographie galopante se font encore sentir au Burundi sur l’environnement ainsi que l’agriculture et l’élevage qui occupent plus de 90% de la population totale du pays. Sur le plan social, le Burundi fait encore face à des conflits fonciers qui provoquent des tensions et parfois des assassinats jusqu’au sein même des familles. Une véritable "bombe foncière" qu’il faut nécessairement désamorcer tant qu’il est encore temps, a avisé le vice-président burundais. L’atelier d’évaluation de la politique démographique nationale a encore donné lieu à un rappel par les spécialistes d’autres dures réalités du pays, comme le poids démographique élevé pour 45% de la population qui ont moins de 15 ans et 56% qui en ont moins de 20. Cette situation implique la multiplication des besoins dans les secteurs de l’éducation, de la santé des plus petits et des adolescents, de l’emploi, des loisirs et de la protection sociale, a souligné le vice-président d’un pays où l’enfant est toujours considéré comme la principale source de richesse des ménages. Au Burundi, les enfants, surtout du milieu rural, sont mis à contribution dès le bas âge dans les champs et dans biens d’autres travaux d’entretien et de survie des ménages qui les dépassent. |