PANA, 14 avril 2016 Bujumbura, Burundi - Des cas d’assassinats, qui ciblent les élus locaux, se sont multipliés au Burundi où la dernière victime en date, Phocas Bakaza, président du conseil communal de Mutimbuzi, à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Bujumbura, est tombé sous les balles d’inconnus, dans la nuit de mercredi à jeudi, apprend-on de source proche du disparu.
L’administration à la base au Burundi est dominée par le Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (Cndd-Fdd, parti au pouvoir) grâce à sa victoire écrasante aux élections générales controversées qui ont eu lieu l’année dernière. Le premier trimestre de la seconde année consécutive de crise électorale et des droits humains au Burundi s’est achevé sur un lourd bilan d’au moins 46 tués, dont de nombreux administratifs à la base, d’après un rapport du ministère de la Sécurité publique, rendu public ce mercredi. La même source fait état de 215 blessés suite à des assassinats ciblés ou des escarmouches entre des groupes d’insurgés nés de la crise et des éléments des corps de défense et de sécurité gouvernementaux, principalement à Bujumbura, la capitale et épicentre de la crise politique persistante au Burundi. Le ministère de la Sécurité publique a dénombré au moins 115 grenades lancées, qui ont fait des morts ainsi que des blessés parmi les forces de l’ordre et la population civile au cours du premier trimestre de 2016. Le rapport soutient cependant que la situation sécuritaire a connu "une évolution positive" ces derniers temps au Burundi; là où d’autres sources sécuritaires indépendantes parlent plutôt d’un "calme trompeur" en l’absence de dialogue de sortie de crise entre le pouvoir et l’opposition. Le ministère de la Sécurité publique fonde son optimisme sur le démantèlement de plusieurs groupes organisés de fauteurs de troubles dans le pays. Les jeunes arrêtés ou qui se rendent d’eux-mêmes aux forces de l’ordre disent être à la solde de trois principaux chefs politico-militaires en exil à l’étranger, d’après le même rapport du ministère de la Sécurité publique. Certains jeunes disent être à la solde du général Godefroid Niyombare, le chef des mutins en cavale après l’échec d’une tentative de putsch militaire en mai 2015. Plus récemment encore, le général Niyombare a refait surface à la tête des "Forces républicaines du Burundi" (Forebu, rébellion) avec la même détermination encore intacte de renverser le régime actuel, cette fois par la force des armes. D’autres jeunes captifs se revendiquent de Alexis Sinduhije, un ancien journaliste vedette de la radio, devenu l’un des farouches opposants en exil au pouvoir en place au Burundi à la tête du "Mouvement pour la solidarité et la démocratie" (Msd). Le ministère de la Sécurité publique cite enfin, parmi les acteurs de l’insécurité au Burundi, Hussein Radjabu, l’ancien homme fort du Cndd-Fdd dont l’évasion spectaculaire de la très surveillée prison centrale de Mpimba, à Bujumbura, l’année dernière, n’a toujours pas été digérée et comprise par le pouvoir ainsi que l’opinion, en général. |